Crossroads est un comics dont les événements se placent, chronologiquement parlant, avant l’histoire racontée par le film de Matt Reeves. Il s’agit de suivre Abby et Thomas, alors que ceux-ci ont trouvé refuge dans une ferme isolée, avec peu de voisins sinon une vieille dame et un ancien soldat du Vietnam. Une tranquillité qui pourrait bientôt disparaître, un promoteur immobilier lorgnant de manière appuyée sur le terrain. Lequel promoteur charge son beau-fils, jeune employé aux dents longues sans-cesse rabaissé par le père de sa femme, de faire dégager tout ce petit monde pour avoir le champ libre. C’est sans compter sur l’attachement des habitants à leur terre, et à celui d’Abby et Thomas pour leur anonymat.
J’avais véritablement apprécié le film de Thomas Alfredson, bien moins celui de Matt Reeves, en lequel je ne vois qu’une reprise sans saveur, doublée d’une surenchère d’effets spéciaux pas franchement réussis, alors que le film original jouait sur la sobriété à ce niveau. Le comics pourrait presque être considéré comme une sorte de prologue. Un prologue qui ne narre certes pas la rencontre entre Abby et son protecteur, mais explique la raison de leur dernière fuite. De quoi mettre à nouveau en scène la relation malsaine qui unit la vampire-enfant et celui qui la nourrit, nuit après nuit.
Si le pitch est prometteur, le résultat l’est beaucoup moins. Non que l’ensemble soit mauvais, mais plutôt que cette préquelle ne devrait pas laisser un souvenir impérissable, tant elle tombe à plusieurs moments dans le cliché simpliste (le vétéran qui vit dans l’ombre de son passé de soldat, l’agent immobilier oppressé prêt à tout pour parvenir à ses fins, … ). Du coup, on peine à se mettre véritablement dedans, et l’histoire s’achève sans réelle surprise, une déception quand on connaît la force du matériau original.
Le dessin n’est pas raté, mais s’avère au final assez quelconque. Il tient davantage du trait de Cassaday dans Je suis légion que du dessin de comics mainstream. La couleur est très sombre, ce qui fait baigner l’histoire dans des ténèbres assez poisseuses, mais finit par nuire quelque peu à la lisibilité de l’ensemble. Le coup de crayon, s’il n’est pas toujours homogène, propose un résultat somme toute efficace.
La présence vampirique présentée ici est incarnée par Abby, présentée comme un vampire enfermé dans un corps de petite fille. Elle est d’une force et d’une rapidité sans égales, mais a besoin d’un apport régulier en sang, nécessaire à sa survie. Elle ne sort qu’à la nuit tombée, se dépêchant de se dissimuler avant que les premiers rayons du soleil ne se montrent. Sa morsure semble à même de transformer en vampire ses victimes directes. A noter que le feu paraît être un des moyens létaux pour venir à bout des vampires.
Après la déception que représentait le film de Matt Reeves, cette préquelle comics est au final loin d’être indispensable. Pas totalement ratée, mais gorgée de lieux communs, pour un scénario qui se traîne sans parvenir à accrocher le lecteur. Dommage…