New York, Empire State Building. Les amis de Terry l’ont invité au 86ème étage, à la veille de son départ pour l’Afghanistan, où il va s’engager avec l’armée américaine. Quelques étages plus bas, deux ouvriers sont chargés de déblayer un espace, visiblement emmuré depuis la construction du bâtiment, en 1930. Ce qui va en sortir va déclencher le chaos dans la construction emblématique.
Le trio de scénaristes Ange – lui-même un duo, qui a une longue carrière dans toutes les sphères de l’imaginaire – et Patrick Renault a débauché Charlie Adlard, connu pour son travail sur The Walking Dead, afin de mettre en images ce nouveau cauchemar, prenant pied dans notre époque et dans un endroit extrêmement connu. Avec cette force de frappe, le questionnement se portait surtout sur les aspects crédibles du projet. Sur ce plan c’est vraiment réussi. Forts de nombreux films catastrophe se déroulant dans des lieux clos (on citera Piège de Cristal et REC), les auteurs ont tenté d’être cohérents (si l’on excepte le fait que les vampires se réveillent sur l’instigation d’une sorte de demi-dieu, bien sûr).
On connaît la force du dessin de Charlie Adlard sur The Walking Dead, il en use une fois encore ici, entre mise en scène musclée et personnages très expressifs. Il bénéficie du soutien aux couleurs de Sébastien Gérard, qui fait du bon boulot : ainsi les pages sont très lisibles, les ambiances sont réussies.
Sur le plan vampirique on a cette fois-ci la légende mohawk d’une sorte de dieu tutélaire, dont le culte incite au cannibalisme, et dont la dépouille doit être déposée le plus haut possible… Le scénario est donc la rencontre de faits historiques avérés et d’une légende pouvant s’inscrire dans le genre qui nous occupe ici. U’tluntla, le terrible Dieu Vampire, se présente comme un humain à la peau gris-bleu asexué dont le corps est constellé de bouches hérissées de dents, et les yeux, de simples fentes rouges. Ses serviteurs lui ressemblent, même s’ils ont un aspect nettement plus classique. Eux-mêmes peuvent « convertir » des quidams, en les mordant à la manière habituelle des vampires.
Malin, bien écrit, bien dessiné, on a hâte de lire la suite et fin de ce diptyque.