K est un développeur chargé de déployer le programme dont il est le concepteur en Lointaine Province. Le jeune homme à tête de lapin y pose donc ses valises quelques semaines, alors qu’il n’a jusque-là jamais quitté la ville où il est né. Pourtant, au fur et à mesure des nuits, et des rencontres qu’il va faire au cours de ses pérégrinations dans les rues de l’endroit, K va peu à peu mettre au jour une réalité susceptible de faire basculer sa conception du réel. Est-ce là les effets d’un travail qui semble plus complexe que ce qu’il avait envisagé ?
L’annonce d’une adaptation revisitée du Horla a toujours un côté appétant pour moi. Le texte de Maupassant est un jalon du vampire psychique, dont l’auteur a écrit plusieurs versions de son vivant. Il y a quelques années, c’est sous les crayons de Guillaume Sorel que je retrouvais le basculement de la folie du personnage central. Serge Annequin propose pour autant quelque chose de difficilement comparable. Si Sorel s’essayait à une fidélité certaine avec le texte du romancier-nouvelliste français, l’auteur de Horla 2.0 n’en reprend que l’essence, choisissant de moderniser le cadre… et de faire évoluer son protagoniste dans une ambiance où le fantastique pourrait puiser son explication… au sein de la physique quantique. Difficile de tout saisir dans cet univers dont la logique finit par imploser, au moment où le lecteur refermera la dernière page. Mais Horla 2.0 est aussi une histoire d’amour et d’attirance qui transcende le temps.
Le dessin de Serge Annequin est faussement naïf. Il y a un décalage indéniable à faire intervenir un personnage à tête de lapin dans un univers où tous semblent « normaux ». Le trait de l’auteur joue avec brio sur cet aspect des choses, et la mise en couleur pastel rehausse la dimension de conte philosophique de l’ensemble.
Difficile de retrouver les éléments vampiriques du texte d’origine dans cette adaptation pour le moins libre. Le personnage de K a certes des nuits difficiles, durant lesquelles les sources de liquides posées à côté de lui disparaissent. Peu à peu, une entité semble prendre corps dans l’appartement. Et K a de plus en plus de problèmes à avancer dans son travail, à la fois comme contaminé par ce virus qui a infecté son programme… et épuisé par ce qui se passe la nuit venue.
Un album inattendu, assez hermétique dans son approche, mais qui propose une version revisitée relativement intéressante du texte de Maupassant.