Lord Faureston a été éliminé. Mais le dandy n’était pas le seul vampire à s’être immiscé dans la société victorienne, car sa créatrice Lady d’Angerès a également élu domicile dans la perfide Albion. Richard Drake, qui veut avant tout protéger Miss Lacombe, est bien décidé à faire table rase de la menace représentée par les buveurs de sang. Mais en s’approchant de la sulfureuse Lady, il risque de découvrir qu’un troisième immortel déplace lui aussi ses pièces dans l’ombre, et qu’il est une menace autrement plus forte.
J’avais trouvé les deux premiers opus de cette série particulièrement réussis, que ce soit sur les plans de l’histoire et du scénario. La boucle étant maintenant bouclée avec ce troisième tome, il faut bien avouer que le duo d’auteurs géniteurs du bébé clôturent ici sans aucun écueil (et avec un panache certain) le triptyque, parvenant même à surclasser les deux premiers volets.
On joue ici beaucoup sur le faux-semblant, les auteurs semant le doute dans l’esprit du lecteur, à l’image de Betty qui ne sait plus que penser de Richard Drake. C’est finement mis en place, sans surenchère, ce qui permet de garder des surprises jusqu’à la dernière page. Les personnages gagnent par ailleurs en profondeur, et les relations entre eux se complexifient. Les ennemis d’hier peuvent rapidement s’avérer être les alliés de demain (et vice versa).
Il s’agit donc là du dernier album de Bruno Maïorana, qui décide de se retirer du monde de la bande dessinée. Et pour un final, autant dire qu’il s’agit d’une apothéose. Le dessinateur de Garuflo fait une nouvelle fois mûrir son trait. Les cadrages sont dynamiques, les personnages ciselés à la perfection, l’ambiance victorienne parfaitement mise en scène. Un vrai bonheur pour bédéphile !
On le sentait depuis le début de la série, ce troisième volet s’articule autour du troisième vampire de l’histoire, qui est donc le fameux comte Dracula. Un personnage tutélaire pour les deux vampires déjà mis en scène, qui s’avère bien plus puissant et ancien, et à la base même d’une généalogie vampirique. Pour autant, aussi puissant soit-il, il est toujours obligé de se nourrir de sang humain, et craint un pieu enfoncé en plein cœur. L’idée de se servir de ses mémoires comme fil conducteur (dès le tome 2) est par ailleurs autant un clin d’œil à Entretien avec un vampire, qu’à Dracula, structuré autour de récits à la première personne.
Une fin de trilogie à la mesure des deux premiers (voire un cran au-dessus) qui offre un final parfaitement réussi à cette histoire à l’opposé d’une adaptation du roman de Stoker, dont on sent l’influence (dans certaines situations, dans les personnages – et encore pas tous –). En bref, une vraie œuvre à part entière qui vaut vraiment le détour.