Les démons, les mauvais esprits et les vampires peuplent les cauchemars de l’être humain depuis la nuit des temps. Spectres et autres noirceurs met en scène une galerie de créatures surnaturelles et terrifiantes qui s’amusent à tourmenter le commun des mortels. Dans Benjamin Crodje, en prélude au Grand Incendie de Londres survenu en 1666, un forcené met le feu à une église afin de défier le Tout-Puissant. Mais Satan lui-même, fâché par qui ose usurper ses droits, veille au grain… Dans Le Nihon-zaru, lors d’un voyage au pays du Soleil levant, un vampire malchanceux a maille à partir avec un macaque polisson qui lui a subtilisé sa précieuse poupée d’or.
Dans L’île Rouge, deux pêcheurs ambitieux découvrent un lieu légendaire et y font la rencontre d’une femme ravissante et étrange qui tient compagnie à une bande d’enfants suceurs de sang. Dans Kajutaijuq, un chasseur inuit, qui tente de déterminer la cause de l’échouage de nombreuses baleines sur les côtes de sa terre natale, rejoint un vieil ami qui est aux prises avec un esprit cannibale. Dans Takako, avec l’aide d’une amie, un étudiant japonais tente par tous les moyens d’arracher l’âme de sa mère des griffes d’un chat qui a le pouvoir de se métamorphoser.
Je découvre Gilles Bizien avec ce court recueil publié par les Editions Pop Fiction. Et j’avoue d’emblée avoir été conquis par la plume du monsieur, qui sait jongler avec les mythes, les styles et les époques. Derrière une couverture sobre aux teintes vertes et rouges (également de la main de l’auteur) se cachent donc 5 nouvelles aussi fantastiques que variés, qui commencent au cœur de la Londres du XVIIIe pour s’achever de nos jours au japon.
Comme je le disais plus haut, l’auteur à une très bonne plume, un style vif et efficace qui lui permet de très vite mettre en place des ambiances susceptibles de happer l’attention du lecteur. C’est bien simple, chacune des nouvelles, qu’elle soit ou non vampirique, a su me convaincre et capter mon attention du début à la fin, sans temps mort. Les personnages sont intéressants, les situations font appel autant à des mythes issus du folklore inuit que celtique, ou encore japonais, le tout sans jamais tomber ni dans la facilité, ni dans la référence mal digérée.
Vampiriquement, deux des nouvelles s’avèrent intéressantes. Nihon-zaru nous met en présence d’un vampire pour le moins classique à la recherche d’une mystérieuse statuette. Le vampire en présence ne se déplace qu’à la nuit tombée. De manière à pouvoir se déplacer sans se faire repérer, il conserve sur lui des fioles de sang dont il s’abreuve quand la soif devient trop forte. L’île rouge est la seconde nouvelle à mettre en scène des personnages vampiriques. Il s’agit ici d’enfants-vampires, nommé sunerien-wad, qui attaquent les navires et s’abreuvent du sang des équipages.
Un recueil chaudement recommandé pour les amateurs de vampires (les deux nouvelles qui voit des entités vampiriques apparaître sont de très bonne qualité), voire de littérature fantastique au sens large. Car l’auteur n’a pas son pareil pour dresser rapidement des ambiances dans lesquelles ont apprécie de se perdre.