Je croyais avoir été enterré vivant. En fait, je suis devenu un vampire, un frère de la chauve-souris. Avec tout à apprendre, même ce que j’aurais préféré ignorer… Il y a des gens qui ont une araignée au plafond. Moi c’est Enoch qui trottine sur mon crâne. Et qui me fait faire des choses… Lorsque je suis parti enquêter sur les anciennes gloires du cinéma muet, je ne savais pas que c’était volontairement, et non à cause de l’arrivée du parlant, que ces fabricants de rêves avaient pris leur retraite. Et que ce petit détail allait bouleverser ma vision du monde… En douze nouvelles qui s’échelonnent sur près de quarante ans de carrière, un voyage au cœur des ténèbres dans le train fantôme d’un grand maître du fantastique et de la terreur modernes.
Robert Bloch est loin d’être un inconnu pour les lecteurs de fantastique. faut-il rappeler que le monsieur à échangé de nombreuses lettres avec Lovecraft, qu’il a écrit certains des meilleures textes mettant en scène l’univers de l’écrivain de Providence. On le connait également pour être l’auteur de Psychose, qui lui a permis de travailler énormément comme scénariste pour la radio et la télévision. Le présent recueil est intéressant à plus d’un titre. Les 12 nouvelles abordent la plupart des thèmes et motifs fantastiques chers à l’auteur : l’occultisme, la possession démoniaque (voire une certaine forme de déviance psychologique qui mène au crime, un des axes les plus récurrents dans l’oeuvre de l’auteur), la maison hantée, jack l’éventreur, les revenants, etc. Et bien sûr le vampire, qui nous intéresse ici, à travers la nouvelle qui donne son nom au recueil.
Une nouvelle qui, presque cinquante ans avant le Entretien avec un vampire de Anne Rice faisait du vampire le narrateur omniscient d’un texte vampirique, introduisant également l’idée de vampires regrettant leur condition de mortels. Le déroulement de la nouvelle pourra certes sembler classique aux amateurs du genre, mais il est nécessaire de replacer la nouvelle dans son contexte, et d’avoir en tête que Bloch est un des premiers à avoir mis en scène un vampire qui dévie de la créature monstrueuse habituelle.
Bloch met ici des vampires qui divergent des caractéristiques canoniques habituelles. Si les deux vampires ici mis en scène doivent se reposer durant la journée, et ne peuvent donc se nourrir que la nuit venue, elles n’en sont pas moins insensibles à l’ail, n’ont pas besoin de dormir dans un cercueil rempli de leur terre natale et traversent sans difficultés des cours d’eau. Restent que ces vampires n’ont pas d’ombres et pas de reflet dans les miroirs. Leur morsure est par ailleurs fatale et conduit leur victime à se relever à leur tour comme des vampires.
Un recueil vraiment bons, bourré d’inventivité, même quand l’auteur y réutilise certains thèmes plusieurs fois. Bloch prouve, s’il en est besoin, que son talent n’a faut que se bonifier au fil des ans, quel que soit le thème abordé. La nouvelle Frères de la chauve-souris en est un très bon exemple, qui va plus loin que l’utilisation habituelle du mythe en en faisant une métaphore forte, et en s’engageant sur les terres du vampirisme-maladie.