Alice Abriel vient d’intégrer la prestigieuse école d’art Georges Vladul. Petite fille d’une artiste réputée, elle découvre que la directrice de l’établissement était une amie de sa grand-mère. Elle se lie avec Azaléa, elle aussi nouvelle élève, qui est persuadé que la bibliothèque de l’endroit dissimule un secret. Toutes deux sont ainsi particulièrement intriguées par le mystérieux garçon qui semble graviter autour de l’école, que la directrice présente comme Tio, l’assistant de la bibliothécaire.
Les relations entre la figure du vampire et le monde de l’art ne date pas d’hier. Anne Rice faisait de ses non-morts des musiciens hors pair, et le rapprochement entre art pictural et créature de la nuit a également donné un film tel quel le Bliss de Joe Begoss. La Bibliothèque des Vampires de David Boriau et Man Luo s’ajoute à la liste des séries jeunesse récentes qui convoque des vampire, comme Hématite. A noter que l’album est publié dans la collection Tchô, née dans le sillage du Titeuf de Zep. On suit dans un premier temps un duo d’élèves artistes, alors qu’elles intègrent l’école Georges Vladul. Le cadre scolaire est un incontournable des histoires du genre (Harry Potter en tête), cadre idéal du récit initiatique. Pour autant, la touche de mystère qui émane de ce premier album parvient à le faire surnager au milieu des poncifs et clins d’œil. Le duo, bientôt trio avec le rapprochement entre Tio et les deux jeunes filles, va devoir apprendre à fonctionner ensemble.
Graphiquement, le style est dans la lignée d’un Zombillenium, même si Man Luo intègre certains codes du manga (comme les yeux des protagonistes). Les couleurs sont également plus sombres que la série d’Arthur de Pins, donnant un effet peinture assez bien vu. L’ensemble est assez réaliste dans son approche, même si le personnage de George, qui ne se révèle qu’à la fin de l’album, parait casser un peu ce parti pris.
On découvre ici qu’il existe plusieurs espèces de vampires, les jiangshi cohabitant avec les vampires traditionnels. Il semble que tous puissent se passer de boire du sang pour survivre. Il y a ainsi un parallèle entre l’âme des victimes dont s’abreuvent les vampires, et l’âme que l’artiste injecte à son œuvre. Matière à permettre à un vampire de trouver ce dont il a besoin… dans la création. Reste que si le vampire ne se nourrit pas d’âme, quelle qu’elle soit, il finit par devenir intangible. Pour le reste, les vampires qu’on voit ici évoluer sont avant tout des entités nocturnes : elles craignent la lumière du soleil. Enfin, ces créatures ne savent pas exprimer d’émotion. L’album intègre également de nombreux clins d’œil à la figure du vampire, comme le nom du professeur de calligraphie (Vambéry).
Un premier tome intriguant, qui parvient à s’extraire des poncifs par son approche graphique assez inédite et l’histoire qu’elle raconte.