Harlan et Kurjak se rendent à Naples pour remonter les traces d’un maître de la nuit qui semble se cacher dans les catacombes et les immeubles abandonnés de la ville italienne. Avec l’aide de Don Raffaele, un contact recommandé par Caleb Lost. Aidé de l’étrange personnage, et par les romans de Dolly McLaine, l’écrivain qui leur a déjà permis par une fois de retrouver la trace du père d’Harlan, nos deux chasseurs de vampire vont peu à peu remonter la piste. Une enquête qui va les mener aux sources du mythe littéraire, car elle commence voilà quelques siècles, alors que Percy Shelley, Mary Godwin (sa future femme), John Polidori et Lord Byron sont rassemblés dans la villa Diodati, au bord du lac Léman…
Après le très bon arc consacré à la traque de Legba, qui nous a conduit au coeur de l’amérique des bayous et du blues, ce nouvel opus nous invite cette fois-ci à découvrir Naples et ses mystères. Mais si c’est bien dans la ville italienne que l’intrigue contemporaine se déroule, les auteurs intègrent en parallèle à leur trame un long flashback qui va permettre de suivre la naissance du Vampire de Polidori. Tout comence donc non pas à Naples, mais bien au bord du lac Léman, dans la villa Diodati, qui vit également naître le Frankenstein de Mary Shelley.
Mauro Boselli joue avec un certain brio de l’Histoire pour l’intégrer à son histoire, faisant passer une scène bien connue des amateurs de littérature d’épouvante du giron du monde réel à celui d’un fantastique dont il a le secret. Et par le même coup entremêle la trame du roman de Polidori à celle de la vie de son auteur, et aux péripéties d’Harlan et de Kurjak. Pour le reste, si la psychologie des personnages principaux n’évoluent pas trop ici (et si on regrette quelque peu l’absence de Tesla, la vampire avec qui les deux héros partagent régulièrement leurs aventures), cet opus va donner l’occasion à Mauro Boselli d’approfondir un peu plus la personnalité de Drakka, le maître de la nuit dont Harlan est le fils.
Le dessin est qualitativement correct, même si un léger cran en-dessous de celui de Majo, ou de Dotti (en tout cas, moins homogène). Le trait est fin et assez dynamique, le dessinateur ne semblant avoir de mal ni à croquer l’époque moderne, ni à travailler sur des scènes du XIXe siècle.
Niveau vampirique, on est dans la lignée des précédents opus. On distingue cependant mieux, dans ce 10e tome, une sorte de hiérarchie vampirique, dont les maîtres de la nuit serait à la tête. Leurs infants ne sont en effet pas doué des mêmes capacités, et craignent notamment la lumière du soleil. On rencontrera dans cet opus un cas particulier : un vampire qui, sans être un maître de la nuit, sera un temps capable de transmettre sa condition. Pour le reste, on assistera une nouvelle fois à une démonstration de force de Drakka, dont les pouvoirs de transformations et la rapidité semblent sans égal. A noter également que ce nouvel opus va faire croiser au lecteur la route d’un vampire littéraire qui a marqué d’une pierre l’entrée du vampire dans la littérature en prose.
Un dixième tome assez sympathique, même si selon moi un peu en-dessous du précédent, qui permet d’en savoir un peu plus sur le personnage de Drakka, et offre un sympathique chassé-croisé avec le Vampire de Polidori.