Scott Bowen, vampirophile et zombiphile devant l’Eternel, est persuadé que les vampires préparent une grande offensive. Il propose donc un ensemble de règles pour nous aider à y survivre. Son constat est simple : la population mondiale, surtout occidentale, est en surpoids, ce qui constitue une réserve sanguine encore inédite pour les saigneurs de la nuit. Il y a donc de fortes chances qu’ils se concentrent près des grandes villes, dans les pays riches et tempérés, etc. Voici l’une des premières remarques que l’on peut trouver dans ce guide pas comme les autres.
D’entrée de jeu j’ai été accroché par la qualité de l’écriture. L’auteur, ne se contentant pas de débiter des lieux communs comme on peut en trouver dans d’autres ouvrages sur la même question, souvent réalisés à la va-vite, sur commande pour satisfaire une certaine catégorie de lecteurs dans un certain effet de mode. Vous avez dit syndrome Twilight ?
Rien de tout ça ici. L’auteur propose nombre de règles simples, qui pourraient d’ailleurs en partie être appliquées en cas d’attaque de zombies, d’extraterrestres, de tomates tueuses ou de belles-mères. Merci de rayer la mention inutile. L’auteur a consciencieusement classé ses conseils, présentant dans un premier temps ce qu’est un vampire, la façon de les éviter (et surtout d’en devenir un à son tour), avant de nous montrer comment passer à l’action. Devenir un tueur de vampires, organiser sa défense et celle de ses proches (car en cas d’attaque massive, mieux vaut être plusieurs dans un endroit bien consolidé, sans compter sur les autorités), pour espérer, un jour, éradiquer les sangsues et reprendre une vie normale.
L’auteur met peu d’humour (premier, second ou troisième degré) dans ses lignes, ce qui rend cet ouvrage réellement intéressant, en plus de nous proposer plusieurs rubriques intercalées. On remarquera donc la présence de la rubrique « vampires d’ici ou d’ailleurs », qui nous présente des anecdotes sur différentes déclinaisons du mythe vampirique, de toutes origines géographiques et de toutes époques. Vraiment très intéressant.
L’autre rubrique notable est une sorte de « courrier des lecteurs », où l’humour affleure plus facilement. Petit florilège : « Les vampires peuvent-ils transformer mon chien en chien-vampire ? (je trouverais ça trop cool !) » ; « Est-ce qu’un vampire peut faire l’amour toute la nuit ? » ; « Une musique classique retentissante peut-elle faire fuir les vampires comme elle fait fuir les jeunes skateurs du centre commercial d’à côté ? » ; « Si j’attrape un vampire, est-ce mal de le garder comme serviteur ? » ; etc. Les réponses sont sur le même ton que le reste du texte, avec parfois des remarques drôles.
Il y a bien sûr des redites dans les différents conseils, comme le fait de se regrouper, de trouver un leader, la façon de tuer les vampires, mais dans l’ensemble Scott Bowen parvient à être cohérent, à bien organiser ses éléments. La faible iconographie renforce le côté « sérieux » de l’ouvrage, et le rend plutôt recommandable pour les amateurs d’ouvrages de fond sur le sujet, même si les aspects médicaux et biologiques de l’état vampirique sont assez peu abordés. Mais globalement c’est vraiment bien fichu. J’ai d’ailleurs appris qu’un « nid », ou plutôt un regroupement de vampires s’appelait un « coven ».
Seul point un peu négatif ; la traductrice semble hésiter entre laisser les références culturelles typiquement américaines et tout transposer à la mode française. Ainsi on nous parle de la DGSE, mais plus loin du fait que les Américains sont en surpoids ; de la population typique de Neuilly (mais pourquoi Neuilly ?) et de certains effets de mode américains. Je pense que l’ère de l’information, les séries télévisées permettent de saisir nombre d’éléments culturels américains, et que des notes explicatives supplémentaires auraient permis de lisser ce défaut de traduction en faisant le choix de laisser le texte dans son contexte d’origine (nord-américain donc).