Boris Slivka et Larry Baker, deux producteurs et scénaristes dont le dernier projet a été un échec retentissant font la connaissance de Robert Carlton, un riche commanditaire qui projette de tourner plusieurs films d’épouvante à destination de l’étranger. Le premier d’entre eux, un film de vampire, a déjà essuyé une équipe de scénaristes et une actrice, qui a quitté le bateau après un coup d’éclat de Nigel Carlton, aspirant vedette et frère de Robert. Pour plonger ses nouveaux créateurs dans l’ambiance, leur commanditaire invite toute l’équipe à passer quelques jours au château des Maléfices.
Carter Brown est un auteur de romans policiers bien connu des lecteurs de la Série Noire, pour laquelle pléthore de ses textes ont été traduits, notamment ceux de la série Larry Baker (6 titres traduits), qui va ici nous intéresser. On y suit les pérégrinations d’un duo de scénaristes en mal de financements (et donc de projets) qui vont se rapprocher d’un mécène désireux d’investir le circuit de l’épouvante, et de produire des films à destination de l’étranger. Le duo semble en effet particulièrement habitué de ce genre de productions, même si les choses ne s’annoncent pas (une nouvelle fois, au vu de leurs précédentes aventures) sous leur meilleur jour, au vu des rush existants.
L’auteur propose une histoire qui en appelle aux codes du fantastique (le château, la tour en ruine, les mille et uns passages secrets, la légende qui entoure les lieux…) tout en s’ancrant dans le polar, l’ambiance étant rapidement mise à mal par la découverte d’un cadavre… qui ne va pas cesser d’apparaître et de disparaître. Les codes du roman noir (des héroïnes à la plastique avantageuse, le ton et l’humour acide du narrateur…) s’intercalent alors avec ceux du récit d’épouvante, pour un résultat de bonne tenue, qui se lit d’une traite sans pour autant révolutionner le genre.
Côté vampire, il faut avoir en tête qu’on est ici dans le registre du roman policier, Série Noire oblige. Le buveur de sang est donc cantonné à son rôle de créature de cinéma, campé par Nigel Carlton, drapé dans une longue cape noire, héritée sans nul doute de Bela Lugosi et de Christopher Lee. Amateur de jeunes femmes bien en chair, et finissant rapidement ses jours dans la crypte d’un château. De fait, il s’agit plus ici d’une question d’ambiance que d’un axe central du roman.
Un roman pas désagréable, qui nous plonge à l’époque des productions d’épouvante anglaises (Hammer Films et Amicus ne sont pas loin), à travers un récit bien mené et amusant. Sans prétention mais plutôt sympathique.