Elian Black’Mor poursuit sa quête et prend cette fois-ci la direction du Nouveau Monde, toujours accompagné du Møat-Tarvaa et de Noémie. Les faucheurs de songe sont à ses trousses, il doit donc suivre les conseils de Théodore, et partir à la recherche de la Porte Australe, que Pan lui a également demandé de retrouver. Arrivé à La Nouvelle-Orléans, il comprend rapidement que l’infection dont il est atteint le condamne à se transformer, et qu’il n’est jusque-là que parvenu à retarder l’inéluctable. Mais accepter sa destinée lui permettra aussi de brouiller les pistes, et d’échapper au Roi Aveugle et à ceux à qui celui-ci commande. Les vampyres, initialement alliés des hommes, reprochent à ces derniers de ne pas avoir été rétribués pour leur aide. Le royaume caché, sur lequel veille le Serpent Blanc, est aussi leur but. Serait-ce pour leur permettre d’échapper aux représailles des Gardiens ?
Ce troisième opus des Black’Mor Chronicles est celui de ma première immersion dans l’univers éponyme. J’imagine qu’avoir suivi depuis les débuts les péripéties du héros m’aurait sans doute facilité la compréhension de la toile tissée depuis plusieurs albums par le duo Elian Black’Mor et Carine M. Pour autant, passé la première page et le name droping à destination des habitués, force est de constater que les auteurs savent poser une ambiance. On est ici ni dans la bande dessinée, ni dans le romanesque, mais face à un livre-univers au parti-pris graphique unique en son genre, qui mêle récit à la première personne et éléments narratifs complémentaires (notes des protagonistes, télégrammes, croquis, etc.). Le héros est dessinateur : il utilise donc son savoir-faire pour tenir à jour son journal de bord. Son histoire, à la fois initiatique et linéaire, est le prétexte à visiter les territoires des États-Unis et s’imprégner des croyances des peuples qui y ont vécu. Car ce que ne peut que constater le héros, c’est bien la disparition progressive des entités et divinités primordiales, condamnées par la gloutonnerie sans bornes des hommes, et des vampyres qui leur ont servi de bras armé.
Graphiquement, difficile de ne pas être impressionné par le travail fourni. Le duo qui officie derrière la série casse les codes de la mise en forme, leurs planches regorgeant de détails. Le texte, qui coule manuscrit au long des pages du livre, disparaît peu à peu devant les créatures que rencontrera Elian au fil de sa quête. Des Dragons, mais aussi d’autres entités du merveilleux, qui accompagneront le protagoniste depuis son départ de Londres jusqu’à son face à face avec Quetzalcóatl.
Les vampires sont les principaux antagonistes d’Elian Black’Mor dans ce nouvel opus. On comprend que sous la direction du Roi Aveugle, ils ont aidé les humains à asservir le territoire américain, le débarrassant des autres créatures surnaturelles, tout en restant dans l’ombre. Car Les Gardiens, qui les ont bannis par le passé, ne savent pour le moment rien de leur implication dans la disparition des êtres fantastiques à travers le monde. Leur chef, qui n’accepte par ailleurs pas que leurs alliés aient perdu le plus précieux artefact des Vampyres, lâche sur l’humanité les représentants ses enfants, qui se repaissent de leur sang. L’artefact en question est lui aussi intéressant, en cela qu’il se présente comme une bible qui recense l’histoire des vampyres depuis leur bannissement.
Un opus qui peut être difficile à appréhender pour les novices de la série, tant il s’intègre dans un ensemble riche, et ajoute une nouvelle brique à un univers qui repose sur des éléments connus, mais que les auteurs sont parvenus à structurer de manière cohérente. Surprenant.