Prudence Tarabotti a maintenant grandi, et Lord et Lady Maccon se sont habitués à leur nouveau rythme de vie et au déplacement de la meute dans la maison contiguë à celle de Lord Akeldama, tuteur officiel de la petite. Pour protéger leur progéniture, dotée de pouvoirs que craignent les autres créatures surnaturelles, le couple Maccon n’a en effet pas eu d’autre choix. Alors que tout semble aller pour le mieux, Alexia reçoit une demande à laquelle elle ne peut se soustraire : elle est invitée à se rendre en Egypte pour y rencontrer Matakara, la plus ancienne vampire encore en activité.
Cinquième et dernier opus pour cette série au croisement entre bit-lit et époque victorienne. Car le récit a beau se situer dans un contexte historique (ce qui se heurte à l’aspect contemporain des séries bit-lit en général), on ne peut pas nier que la personnalité de son héroïne et les histoires dans lesquelles elle se trouve empêtrée ne détonnent en rien face aux séries considérées comme canoniques du genre.
Plusieurs années se sont écoulées depuis les précédentes aventures d’Alexia, comme le démontre le personnage de Prudence, qui a grandi. On découvre que la situation qui s’était imposée à la fin du précédent tome n’a pas franchement évolué, chacun ayant fini par trouver sa place, entre les vampires émigrés par la force des choses à Woolsey, les loups-garous qui évoluent aux côtés de Lord Akeldama et ses drônes et surtout le quotidien du couple Maccon, forcé de confier officiellement sa fille aux bons soins du vampire solitaire.
Cette fois-ci, ce sont sur les traces du Fléau des Dieux et à l’instigation de la plus vieille reine vampire, que l’aventure va débuter. Tout ce petit monde (hormis certains protagonistes, restés en arrière, qui ne vont pour autant pas rester inactifs) se voit donc forcé de prendre le chemin d’Alexandrie. On retrouve autant la galerie de personnages qui s’est enrichie depuis le premier opus, que les touches steampunk des précédents romans (notamment dans la description des moyens de locomotions utilisés). Et il faut bien avouer que la sauce prend une nouvelle fois, même si j’ai trouvé la fin moins audacieuse que ce à quoi on pouvait s’attendre.
Le déplacement d’une bonne partie de l’histoire offre une latitude plus grande à l’auteur pour explorer de nouvelles ambiances, plus exotiques que le Londres victorien auquel elle avait pu nous habituer. Et offre à son héroïne une nouvelle confrontation avec les actes passés de son père, à l’ombre des pyramides. Tout en assurant une jonction cohérente avec les tomes passés de la série, que ce soit concernant le Fléau des Dieux, l’histoire de la meute de Woolsey, le passé de Floote (et son attitude vis à vis d’Alexia), etc. Ce qui permet d’assurer une bonne continuité à l’histoire et de clore certains arcs passés qui n’avaient pas trouvé de réelle conclusion.
Le thème des vampires n’est pas en reste ici. Par deux fois, le lecteur aura ainsi l’occasion d’assister au déroulement de la transformation d’une nouvelle reine, qui dévoile certains aspects jusque-là peu présents de la physiologie des vampires. De même concernant les premiers pas d’une nouvelle reine, et sa découverte de ses nouvelles facultés. Ce qui permet également de détailler comment les vampires ont pu étendre leur sphère d’influence à travers les continents.
Une fin de série loin d’être désagréable, qui permet de retrouver aussi bien Alexia que les autres personnages de la série de Gail Carriger. Si la conclusion apportée manque un peu de panache (et de prise de risque), il serait dommage de bouder son plaisir, d’autant que les ambiances sont savoureuses. En attendant le premier opus de la série spin-off, qui se consacrera à Prudence, la fille d’Alexia.