Dans un monde qui pourrait être le nôtre vit Zoey Redbird, une adolescente presque comme les autres. Un soir après les cours, un jeune homme inquiétant s’approche d’elle. Soudain, il la désigne du doigt et lui dit : » Zoey, ta mort sera ta renaissance, ton destin t’attend à la Maison de la Nuit « . A ces mots, une marque mystérieuse apparaît sur son front. Zoey est terrifiée mais – elle le sait – elle doit intégrer le pensionnat où sont formés les futurs vampires, pour y réussir sa Transformation ou… mourir.
Ce premier tome de La Maison de la Nuit nous introduit dans la perspective d’un monde où l’existence des vampires est connue des mortels. L’originalité de l’histoire tient en l’idée que la transformation vampirique fait l’objet d’une sélection, le plus souvent due au fruit du hasard. Quelques adolescents humains, âgés de quinze ou seize ans, se voient un jour désignés par un « Traqueur », un être qui marque les aspirants d’un croissant de lune esquissé sur le front. À partir de ce moment-là, ces derniers n’ont pas le choix. Ils doivent se rendre le plus vite possible à la Maison de la Nuit afin que la fameuse transformation s’accomplisse, sous peine d’une mort rapide.
Le candidat n’est pas pour autant tiré d’affaires. Avant de devenir un vampire, il devra effectuer quatre années de classes au sein du mystérieux établissement. Celui-ci prodigue l’enseignement adapté pour préparer les élèves à leur condition future. Cependant, un aspirant vampire sur dix est susceptible de périr naturellement au cours de cette période.
Dans la société humaine, les vampires du roman sont très présents dans les disciplines artistiques où ils excellent : musique, peinture, chant… Beaucoup de célébrités sont ainsi des buveurs de sang. On trouve des Maisons de la Nuit un peu partout dans le monde pour accueillir les novices. Dans l’école où arrive Zoey Redbird, la déesse Nix est une figure vénérée. C’est elle qui confère des pouvoirs exceptionnels à l’héroïne.
Les vampires que l’on retrouve sont indisposés par le soleil, même si ce dernier ne les détruit pas. Au terme des quatre années de classes, les nouveaux immortels se voient chacun dotés d’une marque pleine et de capacités spécifiques liées aux forces élémentaires, au don de guérison ou aux facultés psychiques. La société vampirique est structurée selon un système matriarcal. Les chats sont quant à eux reconnus, voir adoptés, par les étudiants en tant que familiers.
La catégorie jeunesse à laquelle appartient le roman est tout à fait méritée. Facile à lire, la Maison de la Nuit se destine en priorité à un public adolescent. Abordant des thèmes chers à ces derniers, l’héroïne du récit suit un parcours initiatique somme toute classique. Zoey cherche à trouver sa place dans une société compliquée, apprend à maîtriser ses aptitudes vampiriques, et se noue d’amitié avec de nouveaux camarades.
Le ton et les dialogues donné à l’histoire sont donc volontairement léger. Les auteures revendiquent d’ailleurs cet aspect narratif calibré à la fin de l’ouvrage. Le but avoué est de toucher les lecteurs ciblés pour qu’ils puissent s’identifier aisément aux protagonistes. Pauvre en rebondissement, les chapitres ne recèlent pas vraiment de surprise. L’intrigue n’en est pas moins bien ficelée et dégage une atmosphère prenante.
Arrive l’inévitable comparaison avec la série des Harry Potter dont la Maison de la Nuit semble s’inspirer sans vergogne. Effectivement, on retrouve dans la forme de nombreuses similitudes qui ne doivent rien au hasard. L’idée d’une école spéciale dédiée aux sorciers/vampires saute aux yeux. On note également la marque distinctive portée par les héros respectifs, ainsi qu’un ensemble de quatre clans dans lesquels se répartissent les élèves selon leur niveau d’étude. Chaque clan possède bien sûr son propre emblème. Des professeurs vampires donnent des cours insolites et les rangs des élèves comptent quelques esprits maléfiques rassemblés sous le patronyme de « Filles et fils de la nuit ».
Malgré les apparences, la Maison de la Nuit parvient toutefois à acquérir une identité propre. Elle ne doit donc pas être considérée comme un plagiat éhonté de la série de JK Rowling, même si l’œuvre en a le goût et la couleur. Bien que les auteures y aient piochés pas mal de leur inspiration, l’histoire de P.C Cast et Kristin Cast se révèle inférieur niveau intrigue et personnages. Surtout, l’audace imaginaire fait montre d’une richesse moindre, plus ancrée dans le monde réel. La galerie de protagonistes est stéréotypée au possible : le mentor bienveillant, une héroïne en quête d’identité, l’odieuse rivale, le beau ténébreux et les fidèles amis…
Ce premier opus de la Maison de la Nuit ne révolutionne pas la fiction vampirique destinée à la jeunesse. Il se révèle néanmoins prenant à lire pour peu qu’on adopte le niveau de lecture approprié et qu’on parvienne à faire abstraction des références cinématographiques sous forme de citations qui abondent. J’avoue pour ma part m’être pris au jeu et avoir eu du plaisir à suivre l’histoire. Le récit sans prétention comporte de plus quelques bonnes idées. Son développement efficace et très vivant saura séduire les jeunes lecteurs, mais aussi ceux qu’un ton de narration résolument jeune ne rebute pas. La Maison de la Nuit s’annonce une bonne petite série vampirique, distrayante et facile à aborder.