La famille Bowman, composée de vampires, vit incognito dans une petite ville du Texas, engrangeant un peu d’argent après avoir repris en main le grill local. Les membres de la famille ne se nourrissent plus de sang humain depuis longtemps, préférant le sang de leur troupeau. Pourtant, un jour, après que les plus jeunes membres de la famille aient décidé d’aller faire un tour en ville, on retrouve pendu le plus jeune des fils de la famille, son corps achevant de se décomposer en pleine lumière. Les survivants vont avoir du mal à contrôler leur rage, persuadés que le prêtre local, dont la famille entretient avec les Bowman une omerta depuis plusieurs générations, est derrière le crime.
Redneck est la dernière série vampirique en date de l’éditeur US Image Comics, annoncée depuis plusieurs mois. C’est donc peu dire que j’attendais de pied ferme la sortie du premier recueil, le titre sortant jusque-là en fascicules. Le résultat est largement à la hauteur de mes attentes, qui reposaient en grande partie sur la qualité des titres de l’éditeur sur le sujet, sortis ces dernières années. C’est très différent d’un Sea of Red ou d’un Five Ghosts, tout en étant qualitativement à un niveau similaire.
Les auteurs Donny Cates (qui s’est fait connaître sur God Country ou sur Ghost Fleet) et Lisandro Estherren (connu en France pour avoir travaillé avec le label619), qui se partagent dessin et scénario, proposent une histoire centrée autour d’une famille de vampires qui essaie de poursuivre sa vie en faisant profil bas. Plusieurs années en arrière, la mort de la mère des 4 enfants qui composent la fratrie a en effet eu un impact fort sur la vie des Bowman. Le patriarche, qui vit reclus dans le grenier, JD, le père, Bartlett, devenu oncle par la force des choses, et les enfants Slap, Seamus, Greg et Perry vivent en effet tous ensemble dans une maison à l’écart de la ville, où ils évitent de mettre les pieds. C’est justement l’envie des trois aînés (Perry ayant le corps d’une enfant) qui servira de déclencheur à la spirale infernale dans laquelle tout ce petit monde va se retrouver entraîné.
Le coeur du récit, c’est justement l’événement qui a resserré les liens entre les différents personnages, mais scinde aussi leur cohésion, tous ne partageant pas la même vision de leur futur. Jd et Bartlett, ayant davantage vécu, savent que leur statut de vampire les met facilement à la merci de leurs ennemis, et veillent à faire profil bas. Les enfants, notamment les trois garçons, aimeraient quant à eux davantage de libertés, ayant du mal à canaliser leurs instincts. Quant au patriarche, lui a davantage en tête de voir les siens régner sur le monde, malgré son infirmité. C’est notamment pour cela que JD et Bartlett l’ont cloîtré dans le grenier, pour se départir de sa mauvaise influence.
Côté dessin, les deux scénaristes officiant également aux crayons, difficile de déterminer la part de chacun. Reste que le style, s’il n’est pas toujours homogène, n’en reste pas moins soigné et assez personnel. Le trait est tantôt lumineux et coloré, tantôt sombre et moins détaillé, mais l’ensemble est dynamique, parfaitement lisible. Mention spéciale pour la dernière partie du recueil, qui voit certains personnages se révéler sous un autre aspect.
En ce qui concerne les vampires, il s’agit ici de créatures qui craignent la lumière du soleil et ont besoin de sang pour survivre, même s’ils peuvent se contenter de sang animal. Certains disposent de pouvoirs de suggestions, mais la majorité n’ont pour eux qu’une force physique surhumaine, particulièrement forte au moment de la transformation. Un pieu enfoncé en plein coeur semble également un bon moyen de venir à bout d’un vampire, sachant qu’ils peuvent aussi être grièvement blessés… sans régénération.
Ce premier recueil pose une ambiance très réussie, même si la trame de fond et ses personnages rappellent certains romans de ces dernières années. Reste que l’ensemble se démarque aisément des séries caricaturales du genre, et offre une relecture intéressante de la figure du vampire. Vivement la suite.