En pleine déprime, le Poulpe est envoyé à Sainte-Croix-des-eaux pour rendre un service à Vlad, qui vient de lui permettre de mettre la main sur des pièces pour son Polikarpov I-16. Voilà donc Gabriel en route pour la petite ville, où il se retrouve rapidement entre deux factions : d’un côté les gens du cru, peu tolérants, de l’autre les Kafka, une communauté un peu particulière qui vit recluse dans une colonie pénitentiaire. C’est justement l’une des Kafka qui a besoin de l’aide du détective : sa sœur et le fiancé de cette dernière ont disparu.
Aborder l’une des séries emblématiques du policier made in France par l’angle des bêtes à crocs, voilà qui est intéressant. Car de la même manière qu’Un lieu incertain m’avait permis de découvrir la série que Fred Vargas consacre à son commissaire Adamsberg, ce J’irai faire Kafka sur vos tombes m’offre la possibilité de me plonger dans la collection initiée (et longtemps dirigée ) par Jean-Bernard Pouy, centrée autour de cet enquêteur qu’est Le Poulpe.
Sortant des habitudes de la série, Michel Chevron mâtine sa trame policière d’un soupçon de fantastique qui n’en est pas moins emprunt d’un humour grinçant (et d’un peu de poésie dans les derniers chapitres), qui contribue au charme de l’histoire. Faisant face à l’intolérance des uns et aux différences des autres, Le Poulpe va surtout s’enticher de sa cliente, ce qui lui fera prendre des risques. Sans même parler de Vergeat, qui en profite pour retrouver la trace de Gabriel Lecouvreur et tenter de lui mettre la main dessus. Avec l’efficacité que les habitués lui connaissent.
Niveau vampire, ils ne sont jamais vraiment nommés comme tels, se présentent eux-mêmes comme des Kafkas. Ils ont des difficultés à se mouvoir à la lumière du soleil et sont attirés par le goût du sang humain. S’il semble que la technique du pieu dans le cœur fonctionne, les chasseurs de vampires mis en scène ici préfèrent des techniques plus moderne, immobilisant les créatures en leur enfonçant notamment des flèches dans le cœur. Ce qui leur laisse la possibilité de mener des expérience sur les corps.
Un ouvrage assez court (130 pages) mais doté d’une écriture dynamique sans temps morts. Une variation policière plutôt bienvenue sur le sujet, qui mélange de manière réussie les genres.