Vampire, alchimiste, Roman était autrefois » Cagliostro « , le grand Kophta, célèbre thaumaturge de Marie-Antoinette. A l’époque, ses recherches hermétiques étaient entièrement consacrées à la quête éperdue de l’élixir de longue vie – la vraie et non cette immortalité au rabais qu’allait lui inoculer son présomptueux précurseur, le non moins illustre Comte de Saint-Germain. Aujourd’hui, Roman manage incognito un groupe de rock hardcore. Mais son quotidien va être bouleversé la nuit de sa rencontre avec Lucio, jeune homme provocateur à l’énigmatique pouvoir de séduction. Avec Lucio, c’est tout le passé de Roman qui refait surface. Dès lors, notre héros n’aura plus qu’une seule idée en tête : retrouver la trace du Comte de Saint-Germain dans les replis du temps et lui ôter tout espoir de rédemption.
Alliance entre un certain classicisme vis-à-vis du mythe du vampire et un apport personnel original à ce même mythe, voilà la grande force de ce premier livre de Manou Chintesco. En choisissant des personnages de l’Histoire (Cagliostro, le comte de St-Germain) et en les reliant au mythe du vampire, Manou Chintesco s’engage dans les pas de Chelsey Quinn Yarbro, avec un style incisif et dynamique, et un sens du modernisme qui manquait cruellement à l’auteure américaine sus-nommée.
Tour à tour sensuels, rock’n’roll, mystique et sorciers, les vampires de Manou Chintesco dépoussièrent le mythe, tout en conservant les caractéristiques canoniques des infants de la nuit (soif de sang, impossibilité de vivre au soleil, etc.). On découvre également au fil des pages une digression originale sur les origines du vampire, qui relie les arts obscurs avec la non-vie. Ce lien entre vampirisme et alchimie-sorcellerie permet à l’auteur de sous-tendre son roman d’une réflexion sur l’immortalité plutôt réussie.
Un livre fort bien écrit, qui se lit d’une traite et prouve que les auteurs fantastiques français sont au moins aussi inventifs que leurs pairs américains ou anglais.