Chrismar, Franz Seraph. Vlad the Devil or, the Vampire

Un petit groupe de voyageurs traversent les plaines de Valachie. A la faveur d’une halte à la tombée du jour, devant un feu de camp, l’un des membres du petit groupe, natif du pays, prend la parole. Il explique qu’il a déjà eu l’occasion de visiter les environs, et qu’un vampire y résiderait. Incrédule, les autres participants l’enjoignent néanmoins à leur raconter ce qu’il sait.

La sortie en 1819 du The Vampyre de Polidori est un jalon dans l’histoire du vampire en prose. Le succès du texte – sans doute aidé par l’aura de Byron à qui il a longtemps été attribué – voit le récit être traduit en de nombreuses langues, et adapté plusieurs fois sur les planches. Il ouvre dans le même temps les portes à d’autres textes sur les vampires. Ainsi ce Der Vampyr, ici retitré en Vlad the Devil or, the Vampire pour marquer la différence avec la novella de Polidori. La préface du chercheur Christian Nikolaus Opitz nous renseigne sur le peu d’informations qui subsistent sur l’auteur et la genèse du texte. Il s’agit ainsi de la seule œuvre de fiction de Franz Seraph Chrismar, publiée en 1835 dans les pages d’un journal viennois. Là où le texte tire son épingle du jeu, c’est sur l’utilisation du Dracula historique, et l’idée d’en faire un vampire. 62 ans avant Stoker, un auteur allemand a ainsi eu l’idée de faire le lien, désormais indissociable, entre le voïévode et son avatar surnaturel.

Le texte est relativement court (une petite vingtaine de pages), mais n’en pose pas moins un cadre et des effets efficaces. L’intérêt ne réside pas de facto dans le petit groupe de voyageur par qui débute le récit, mais se cristallise sur cette figure de comte, responsable de la destruction d’un village et de la mort de la fille du boyard local. Le lien avec Dracula n’est pas d’emblée fait par le premier narrateur : il parle bien d’un comte, et le cadre de l’intrigue se déroule en Valachie, mais il ne donne pas de noms. C’est bien l’homme mystérieux qui apparaît au petit groupe, et reprend la parole, qui verra le titre se justifier. Car il fait de Vlad Dracul, ici traduit en Vlad le Diable (Dracul ayant signifié dragon puis diable en langue roumaine), une créature de la nuit. Le lien avec le personnage historique est davantage affirmé que dans le roman de Stoker : le narrateur mentionne plusieurs des anecdotes présentes dans les pamphlets allemands qui concernent Vlad III, preuve que son auteur a lu ces derniers ou une adaptation ultérieure.

Un texte court mais historiquement remarquable, qui montre que Stoker n’aura pas été le premier à faire de Dracula un vampire.

Chrismar, Franz Seraph. Vlad the Devil or, the Vampire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *