Crypt of Shadows est un comics publié par Marvel durant 21 numéros, entre janvier 1973 et novembre 1975, avec Stan Lee aux manettes. Il s’agit d’histoires horrifiques courtes, à la manière de ce que pouvait proposer EC Comics dans les années 1950. De fait, à y regarder de plus près, l’ensemble des histoires qui composent Crypt of Shadows sont des rééditions de récits publiés justement dans les années 1950-1960, au sein de titres Atlas (premier nom de la Maison des Idées), puis Marvel, tels que Tales to Astonish ou Journey into Mystery. Les histoires sont en couleur, avec une optique grinçante qui n’auraient pas dépareillée dans Tales from the Crypt.
Ce deuxième numéro du comics propose ainsi cinq histoires courtes : « The Monster at the Door!! », « The Death of Danny! », « The Man Who Couldn’t Move », « Innocent Bystander », « Going… Down! » et « Thru the Door ». Toutes mettent en scène des personnages qui vont se retrouver dépassés par la situation, par leur ambition ou une opportunité qui s’offre à eux. Des héros tour à tour frustrés, criminels, avides… Le ton est tout aussi sombre que ce que proposait EC Comics, mais il y a un je ne sais quoi de moraliste qui explique sans doute que Crypt of the Shadows arbore le macaron du Comics Code… là où ce dernier avait acté la fin de Tales from the Crypt & co.
Les traits disparaissent quelque peu derrière la couleur des planches, pour autant le style est sensiblement différent de ce qu’avait pu proposer EC Comics. On est de manière assez attendue plus proche du style Marvel de l’époque. Pas très surprenant quand on avise la présence de Jim Starlin parmi les dessinateurs ayant officié sur les histoires de ce numéro.
« Thru the Door » est l’unique histoire de ce deuxième opus à convoquer la figure du vampire. Le scénariste n’est pas précisé, le dessin est quant à lui assuré par Ben Brown, un des auteurs classiques de Marvel, qui a commencé de travailler avant la mise en place du Comics Code. Décédé en 1994, il a travaillé sur des comics comme Tales of Horror (Toby, 1952-1954) ou encore Wally the Wizard (Marvel, 1985). Dans « Thru the Door », on suit un manager qui a la mauvaise idée de s’enticher de la femme de son employeur, une armoire à glace, et est rapidement pris sur le fait par ce dernier. C’est la chute qui révélera au final la part vampirique du texte, la jeune femme séduisante et éplorée qui fuit à ses côtés la colère de son conjoint n’étant pas tout à fait ce qu’elle paraît être. De fait, difficile pour les auteurs d’exploiter de manière très dense les caractéristiques du vampire. On comprendra néanmoins que la soif de sang est une des raisons qui a motivé la jeune femme de céder aux avances du manager.
Premier numéro de cette publication qui me tombe entre les mains. Si j’en ai apprécié la lecture et l’ambiance, il y a néanmoins un je ne sais quoi qui me la fait évaluer en deçà de ce qu’avait pu proposer EC Comics dans une dynamique très proche. Reste que pour les amateurs de comics horrifique, il y a des éléments à glaner. Tomb of Dracula a démarré trois ans auparavant, en 1972. Marvel semble donc vouloir proposer d’autres lectures aux amateurs du genre, même s’il faut pour cela rafraichir des textes plus anciens à son catalogue. Le Comics Code, quant a lui, a connu un assouplissement net en 1971, autorisant la mise en scène de vampires, pour peu que les créatures soient « traitées dans la tradition de Frankenstein, Dracula, et autres travaux littéraires de haute qualité écrits par des auteurs tels que Edgar Allan Poe, Saki, Arthur Conan Doyle et autres auteurs respectés dont les œuvres sont lues dans les écoles du monde entier »