Van Helsing, Lord Godalming, Jonathan Harker et Mina Murray viennent de mettre un terme à l’existence de Dracula. Leur petit groupe paie un lourd tribut à leur lutte contre le vampire : après Lucy Westenra, c’est Quincey Harker qui succombe à la confrontation. Le comte est devenu poussière, et il est temps pour les survivants de retourner à Londres. À peine sont-ils hors de vue qu’une main inconnue vient récupérer les cendres de Dracula. Celui-ci n’a pas dit son dernier mot, et le pacte qu’il a signé lors de son séjour à Scholomance pourrait bien lui tracer la voie… vers sa résurrection.
StokerVerse est un projet multimédia porté par Dacre Stoker et Chris MCauley. Il s’agit de bâtir un univers étendu cohérent et ramifié entre les œuvres de Bram Stoker, à commencer par Dracula. Jeu de rôle, jeu de plateau avec figurines, jeu vidéo sont dans les starting-blocks, certains ayant fait l’objet d’une campagne de financement. Côté comics, le projet a déjà donné le jour à The Virgin’s embrace, adaptation de la nouvelle « The Squaw ». Cult of the White Worm est donc la seconde itération du StokerVerse pour ce qui est du neuvième art. Et plonge directement ses racines dans Dracula, par l’entremise des deux scénaristes Dacre Stoker et Chris MCauley.
Ce premier numéro débute par un récit en prose qui explore le passage de Vlad Tepes à Scholomance. Ce faisant, les auteurs relient le personnage histoire et son avatar de fiction, en s’appuyant sur les sources d’époque de Stoker (le livre d’Emily Gerard). Dans le même temps, ils posent les bases du comics à proprement parler, cette « suite » au roman s’articulant autour de la place du vampire lors de son apprentissage à l’école du Diable. Le pacte qu’il a passé à ce moment-là semble lui donner l’opportunité de vaincre une nouvelle fois la mort… pour se venger. Mais Dracula n’est pas le seul protagoniste. On suit également un médecin spécialisé dans les phobies et compulsions (ce qui offre de revenir sur Renfield), et un agent de police qui enquête sur les crimes de la Bloofer Lady. Trois récits qui servent de mise en place et dont on ne doute pas qu’elles trouveront matière à se croiser par la suite.
Graphiquement, les trois histoires sont relativement différentes. La première est sans nul doute la plus classique. Le trait manque parfois d’homogénéité, mais le dessinateur parvient à distiller une ambiance horrifique assez réussie, tout en s’appropriant les personnages déjà connus. On y découvre également des figures infernales qui ne sont pas très éloignées de certaines représentations lovecraftiennes. La deuxième histoire m’a plus convaincu, graphiquement parlant. Le style rend au mieux la folie latente du quotidien du médecin, et les compulsions de ses patients. La dernière manque une nouvelle fois d’uniformité, mais il y a un je ne sais quoi d’efficace dans l’horreur auquel va faire progressivement face le policier.
Côté vampire, on découvre en ouverture une réinvention de Dracula, qui relie davantage le personnage imaginé par Stoker avec sa source historique. Ce rapprochement, c’est la Scholomance (mentionnée dans le roman) qui en est le fil rouge. Est mis en scène le lien entre Dracula et le démon qui lui a conféré son existence de vampire, et le pacte qu’il va devoir réactiver pour revenir d’entre les morts. Enfin, on découvrira que Lucy a laissé des traces derrière elle, qui perpétuent les exactions de celle que les enfants nommaient la Bloofer Lady.
Premier opus d’une série s’articulant autour du roman de Stoker, ce Cult of the White Worm, volume 1 propose une suite qui plonge ses racines dans les sources du texte original. Si graphiquement tout n’est pas parfait, le récit est accrocheur et les idées bien là. Ce premier volet peut être acheté via l’éditeur Scratch Comics.