Disparitions en série, visions dérangeantes, attaques terroristes antivampires, e-mails de l’Au-delà, métamorphoses imprévues… Qui n’a jamais souhaité avoir un fantôme ange gardien pour veiller sur lui, ou une grand-mère psychique qui recevrait les morts sur le pas de sa porte ? Les héros de ces nouvelles franchissent la frontière vers le monde de l’étrange… et vivent des histoires à vous glacer le sang.
La couverture de Crimes au clair de lune, avec son esthétique spectrale, annonce la couleur : l’étrange sera à l’honneur dans ce pavé de fort belle allure. Dirigée par Charlaine Harris, l’anthologie propose un sommaire de dix neuf nouvelles qui tendent à provoquer le frisson. L’ouvrage ne pouvait se permettre de faire l’impasse sur le vampire, et c’est dans une modernité efficace que trois auteurs s’affairent à donner leur vision du mythe.
La première histoire vampirique, qui ouvre également le bal des récits aussi surprenants qu’inquiétants, n’est autre qu’une nouvelle écrite pas la créatrice de la Communauté du Sud. Dahlia underground se situe dans l’univers de la célèbre saga. Sous couvert évident du 11 septembre et de dénonciation quant à son absurdité, l’auteur nous présente Dahlia, une immortelle ancienne et puissante peu enclin à affectionner le genre humain. Pourtant, un élan de conscience l’exhorte à protéger les membres de la caserne de pompiers, ceux-là même qui sont venus à son secours en la sortant des décombres le jour de l’attentat. L’attentat, perpétré par un groupe baptisé La Communauté, condamne tout rapprochement entre les mortels et les buveurs de sang. À présent, les terroristes semblent décider à s’en prendre aux sauveteurs ayant apporté leur aide aux vampires survivants. Simple dans son écriture, intéressante sans être inoubliable, Dahlia Underground fait office de mise en bouche de choix.
La seconde nouvelle aux dents longues est l’œuvre de Parnell Hall. L’un des textes les plus légers et souriant de l’anthologie. Épicé par un soupçon d’humour sarcastique, Mort d’un vampire narre l’enquête quelque peu rocambolesque d’un détective privé dans la plus grande tradition. Sur la demande d’une étudiante gothique, le bonhomme se voit confier un travail insolite : découvrir si oui ou non, le petit ami de sa cliente se trouve être réellement un vampire. Avec pour toile de fond la suspicion d’un enquêteur qui use de toutes les ficelles du métier pour honorer son contrat, les situations cocasses ne manquent pas. Rafraîchissant.
La troisième et dernière histoire vampirique se distingue par la même originalité, mais d’une tout autre manière. Long terme, écrit par Tony LP Kelner, nous introduit dans les rouages d’une société où les vampires se lient à des concubins humains par contrats juridiques ; liaisons fondées bien souvent sur des transactions vénales appelées Le Choix. Mark, le nouveau compagnon d’une non-morte nommée Stella, participe à l’anniversaire de l’aîné de la lignée à laquelle il appartient. Cette fête sera l’occasion de découvrir l’incertitude financière et l’esprit matérialiste qui habite ses congénères. Surtout que suite à un assassina, le jeune homme sera contraint de s’improviser avocat de la suspecte désignée.
L’aspect vampire de Crimes au clair de lune est un cru tout à fait honorable, avec trois nouvelles de qualité à l’affiche. Néanmoins, faire l’impasse sur le reste de l’anthologie serait injuste. Presque toujours mâtinés d’une touche policière ou d’énigmes, les récits qui se succèdent se font porte-paroles de thèmes incontournables du fantastique, tel que les médiums, maison hantée, cybers fantômes, loups-garous ou artefacts maudits… Une richesse appréciable donc, qui puise son essence dans nos peurs les mieux enfouies, celles-là mêmes aptes à procurer la chair de poule. Mention spéciale pour La maison des horreurs, de SW Hubbard, qui peint le portrait poignant d’une étrange petite fille ayant le pouvoir de « renvoyer » les gens ou choses qui menacent ses proches.
Moderne et pourvu d’un sommaire homogène, Crimes au clair de lune est le type d’ouvrage à même de séduire de nombreux lecteurs en quête de faits bizarres, de monstres et d’inconnu… Une anthologie à éviter de lire la nuit.