Il y a des auteurs vampiriques par essence, qui, même avec un sujet donné nettement différent du mythique suceur de sang, parviennent toujours à mettre en scène une créature de la nuit. C’est ce qui semble être le cas pour Gwenaelle Durand. Après une première nouvelle, Ombre et or, parue dans l’anthologie des Editions du Petit Caveau : Or et Sang, elle récidive de manière originale dans la savoureuse anthologie des Editions Cauchemars : Momies, réussissant l’exploit de ne pas être hors-sujet alors que l’appel à textes lancé notifiait bien le thème des momies, comme la couverture le suggère. Signée Cécile Guillot, on a encore ici la preuve du souci du détail de l’illustratrice, qui signe également une élégante nouvelle cruelle mettant en scène une enfant particulièrement « innocente ».
Car il faut bien le dire, les nouvelles de cette anthologie sont plutôt soignées. Toutes différentes, elles dénotent de styles de tous horizons, du XIXéme chic au XXI argotique. Tantôt fatalistes, tantôt féroces ou encore marrantes, chaque nouvelle semble offrir une raison de s’y arrêter. Des auteurs que nous connaissons bien à travers leurs écrits vampiriques signent d’ailleurs des infidélités aux vampires très alléchantes, comme Lydie BLAIZOT, auteur de la Maison de Londres, et Stéphane SOUTOUL, notre Asmodée. On regrettera néanmoins les fautes de frappe et les mots oubliés qui détonnent dans cet univers ! Il semblerait néanmoins que l’éditeur ait vite repris les choses en main et commandé une nouvelle impression corrigée.
Revenons-en maintenant à la nouvelle qui nous intéresse. Il est difficile de justifier son passage sur le site Vampirisme.com sans entrer plus avant dans l’histoire et sans gâcher le plaisir du lecteur. Car c’est au long de ce récit d’une vingtaine de pages sobrement intitulé Gaspar que l’on découvre la figure du vampire telle que l’entend Gwenaelle Durand, basculant de ce fait des bandelettes aux crocs.
Trois jeunes gens, costumés pour une soirée « fantastique » recherchent au cœur de la forêt des lieux qui pourraient servir de décor à un jeu de rôles. Des trois, l’un est déguisé en vampire. Leurs pérégrinations vont les mener aux portes d’une crypte perdue dans les bois, renfermant un tombeau et un mort. Enfin, en principe, à moins que ce ne soit… autre chose. Le style de l’auteur permet au lecteur de passer un agréable moment, par sa fluidité et son vocabulaire recherché. Mais ce sont surtout les ressorts de suspense et de rebondissements qui envoutent. On s’imagine une histoire en commençant la lecture et l’on se rend compte que le déroulement qu’en fait l’auteur est tout autre, très loin de tout ce que l’on aurait pu concevoir.
La figure du vampire lui-même prend une tournure différente de celle qu’on lui connaît. Classique par certains points : il se nourrit de sang, est invisible pour la caméra et est doté d’une force supérieur, il se révèle néanmoins original par le fait d’une cruauté particulière. On connaissait le vampire avide de tuer, de faire souffrir, mais nous n’avions sans doute jamais imaginé un tel supplice. Les vampires de Gwenaelle Durand sont fidèles dans l’amitié comme dans la haine et ont une façon toute personnelle de l’exprimer qui permet à cette auteure talentueuse de confirmer son entrée, par la petite porte certes, mais avec panache, dans l’univers vampirique !!
On vous reparlera sans doute bientôt de Gwenaelle Durand puisque ses projets en cours sont encore d’ordre vampirique!!