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C’était la nuit… il venait de pénétrer dans le Château de la Musardine. Il en avait beaucoup entendu parler, mais c’était la première fois qu’il pénétrait dans ce bastion renommé des plaisirs… Un guide habillé comme Sherlock Holmes, au crâne presque rasé, l’avait mené vers un escalier branlant dans une cave suintante, puis l’avait laissé continuer son chemin, non sans lui avoir jeté un regard goguenard. Il avait ouvert une vieille porte, derrière laquelle de trouvait un long couloir chichement éclairé. Très vite il entendit des gémissements de plaisir, et de loin en loin des hurlements de douleurs. Son corps réagit tout de suite à ces stimuli si particuliers, et son sexe devint un peu dur. De part et d’autre du couloir des alcôves, fermées de rideaux pourpres, promettaient autant de lieux où les plus bas instincts pouvaient s’exprimer.
Il vit par exemple une femme à la beauté insolente chevaucher sauvagement son amant, tandis que celui-ci se vidait de son sang par une énorme morsure à la naissance du cou. En face, un homme à l’allure élégante léchait avidement l’intimité de sa partenaire, sauf que le liquide qu’il lapait était d’un rouge profond… Les yeux mi-clos de celle-ci témoignaient d’un plaisir sans égal.
Le sexe de notre visiteur commençait à battre la mesure, nettement excité par ce qu’il était en train de découvrir. Il continua son exploration de cet antre si particulier. La cave voûtée était saturée d’odeurs : celle du sang, bien entendu, métallique, ferreuse et si enivrante. Mais aussi des senteurs musquées, plus intimes. Le visiteur humait l’air et jouissait par avance.
Soulevant délicatement un nouveau drapé, il put voir une étrange scène de triolisme : pendant qu’un homme –visiblement bien membré- lui défonçait l’arrière-train, une femme à la peau diaphane rongeait avec ses canines protubérantes le sexe d’un autre. Tout cela, bien sûr, dans un concert de râles et de gémissements où souffrance et plaisir se mêlaient intimement.
En regardant dans un autre recoin éclairé à la bougie, un autre spectacle étonnant s’offrait à lui : habillés comme une comtesse et un jeune roturier des années 1700, un homme et une femme s’abreuvaient chacun du sang de l’autre, dans une version vampirique du 69. Un frisson glacé parcourut l’échine du visiteur, mais son membre devient nettement plus dur. Il sentait qu’il n’était pas au bout de ses découvertes… et de ses excitations.
Il finit par céder aux avances d’une femme nue qui le croisa dans la cave, lui promettant monts et merveilles, mais aussi de goûter à son fluide vital. L’échange fut fructueux, mais le visiteur en voulait plus. Il se joignit donc aux couples qui l’invitaient, passant de l’un à l’autre pour goûter à tous les plaisirs. C’était là le seul avantage que lui procurait sa non-mort : il pouvait jouir beaucoup plus longtemps que les humains. Le temps filait sans compter Au bout d’un moment, rassasié, il finit par s’assoupir.
Lorsqu’il se réveilla, il était toujours dans la cave. Mais celle-ci avait retrouvé le silence. La plupart des jouisseurs étaient partis. Dans deux alcôves il entrevit quelques cercueils refermés, probablement déjà occupés. Encore en transe, il remonta les escaliers qui le ramenèrent s du château, lui aussi obscur.
Il crut qu’il avait dormi une journée entière, repu par son festin de sexe et de sang, et qu’il faisait à nouveau nuit. C’est donc en toute confiance qu’il ouvrit les grandes portes de l’entrée. Il comprit trop tard son erreur : le soleil du milieu de matinée d’été le transperça de ses rayons meurtriers. Ne pouvant retenir un cri de douleur mais aussi de délivrance, il sentit sa peau se ratatiner, ses muscles fondre, ses organes internes se flétrir en quelques secondes. Le cri s’acheva sur un tas de cendres fumantes, qu’un coup de vent taquin vint disperser.