Ténèbres est une revue trimestrielle dont la publication aura duré près de 4 ans, et n’aura eu de cesse de proposer des numéros denses, autant en nouvelles inédites de tous les horizons qu’en articles de fond et autres interview. Lors de ma relecture du Anno Dracula de Kim Newman, Mélanie Fazi aura eu le bon goût d’attirer mon attention sur ce numéro, justement consacré à la série de l’auteur anglais.
Si on est assez loin d’un numéro spécial, c’est la partie consacrée à Kim Newman qui prend le plus de place dans ce troisième numéro. Ce qui n’enlève rien à la qualité globale de ce numéro, qui regorge de nouvelles savoureuses (même si pas vampiriques), et dont les chroniques et news m’auront fait noter deux ou trois choses pour le sujet qui nous intéresse. Il semble ainsi qu’un projet d’adaptation cinéma de Vampire Junction, avec Mary Lambert (Cimetierre) derrière la caméra était prévu à l’époque. De même, j’ai ainsi découvert l’existence d’un jeu vidéo d’aventure intitulé Dracula Unleashed, sur lequel il va falloir que je me penche, à l’occasion.
Reste que le cœur de ce qui nous intéresse se trouve donc constitué de trois parties distinctes qui permettent de mieux cerner l’auteur et ses intentions. A commencer par un article signé par Newman lui-même, qui revient sur la genèse d’Anno Dracula, et sur les nombreuses références que l’auteur a distillé dans l’ouvrage. Des références dont une partie seront ici explicitée, ce qui permet de se rendre compte de la minutie (et de la culture hors pair) de l’auteur en la matière.
La partie la plus passionnante de ce dossier est constitué de la nouvelle « Apocalypse Dracula », qui s’intercale entre Le jugement des larmes (Dracula cha cha cha en VO) et le futur roman Johnny Alucard (qui était en cours d’écriture au moment de la sortie de la revue, en 1998). Une nouvelle assez longue qui voit donc revenir le personnage de Kate Reed, la journaliste, ici embauchée par Francis Ford Coppola comme conseillère technique pour le film que ce dernier est en train de réaliser, centré autour de l’histoire de Dracula, et du roman de Stoker. Une nouvelle qui nous transporte en Roumanie, encore sous la férule du Conducător Ceaucescu, et qui montre à quel point le lien entre les vampires et l’humanité a évolué depuis leur coming out du 19e siècle.
On retrouve ici les vampires de la série, somme toute assez proche de ceux mis en scène par Stoker. Il s’agit de buveur de sang (même si ils peuvent se contenter de sang d’animaux) qui disposent d’une force surhumaine, même s’ils peuvent être contenu par des matériaux comme l’argent.
Un numéro de très bonne facture pour cette revue, d’autant que la partie qui nous intéresse se cristallise autour d’un texte inédit qui vaut le détour, autant par sa situation de charnière entre deux romans de Kim Newman, que par la relecture qu’il propose du tournage du Dracula de Coppola.