Alors que le règne de Caligula bat son plein, l’éminence grise de ce dernier, Thrax, dispose d’une influence particulièrement forte sur l’Empereur. Ce dernier veille à ce qu’on livre à son conseiller les victimes dont se nourrit son conseiller. Mais les choses prennent une tournure inattendue quand une femme enceinte se fait mordre par Le Maître. Infectée, elle donne naissance à une créature qui possède les forces des vampires sans leurs faiblesses. Celui qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de Quinlan deviendra dès lors la bête noire du maître, bien décidé à se débarrasser de son plus dangereux ennemi.
Si la série The Strain est toujours en cours à l’heure actuelle (la quatrième saison est programmée en juillet 2017), les romans à la base de l’histoire ont tous été publiés depuis 2010 (date de publication du tome 3), les comics suivant jusque-là le même découpage (à raison de 2 recueils par ouvrage original, soit au final 6 comics). C’est donc avec un intérêt certain que s’est fait (en ce qui me concerne) l’annonce de ce spin off. Car si la série TV s’est rapidement avérée en deçà de son potentiel, le comics s’est imposé comme la variation la plus réussie sur l’histoire imaginée par Del Toro et Hogan.
Quinlan est un des personnages qui appelait le plus à un approfondissement. En raison de ses liens avec le maître comme de son âge avancé (il est né durant la Rome antique), le potentiel du personnage est indiscutable. David Lapham, qui signait déjà le scénario de l’adaptation comics de la série mère, s’en sort tout aussi bien avec cette histoire qui lui laisse plus de liberté narrative. Car si certains pans de l’histoire du personnage sont balisés dans les romans, combler les blancs n’était pas une mince affaire.
Graphiquement, c’est du même niveau que les comics précédents. Pour autant, ce n’est pas Mike Huddleston qui est signe le dessin, mais Edgar Salazar (qui a notamment travaillé sur Uncanny X-Men). Le style est vif, le trait dynamique, particulièrement adapté aux scènes d’action (l’utilisation de l’appendice buccal des vampires donne ici lieu à davantage de scènes que par le passé). La mise en couleur est simple, mais efficace. Elle ne noie pas le dessin dans un trop-plein de couleur informatisée.
On retrouve donc les différents vampires de l’univers, que ce soit Les Anciens et le Maître, mais aussi les porteurs traditionnels. Quinlan, qui est donc mi-homme mi-vampire (car atteint par le mal alors qu’il était encore au stade de fœtus, dans le ventre de sa mère), possède la plupart des capacités des vampires (l’appendice buccal, la résistance physique, les capacités mentales…), mais pas certaines de leurs faiblesses (il peut sans problèmes se déplacer à la lumière du soleil, il ne communique par ailleurs pas le mal lors de la morsure). En temps normal, ceux nés comme lui sont annihilés par les anciens vampires, mais ils décideront de lui donner sa chance, et se servir de lui dans leur lutte contre le Maître. On redécouvre également l’une des habitudes du maître, qui est de changer régulièrement d’hôte.
Un opus inattendu, mais très réussi dans cette saga. David Lapham est décidément parfaitement à l’aise avec la création de Hogan et Del Toro. Dommage que l’adaptation TV ne soit pas aussi réussie…