Cecily Bain a désormais des doutes sur le passé d’Ali, cette Caitiff qu’elle a prise sous son aile, quitte à la présenter pour son infante. Cette dernière serait-elle une taupe, dont l’objectif est d’infiltrer les cours vampiriques et de renseigner les chasseurs de vampires ? Pendant ce temps, le Primogène Wendt paraît être celui qui succèdera au prince Samantha, à la tête de la cour des villes jumelles. De façon à entériner cette prise de pouvoir, Ian Carfax, un puissant Tremere, est dépêché sur place.
Suite directe du premier tome, cet album poursuit l’histoire au moment où elle s’était achevée dans le premier opus. Compte tenu de la complexité des relations entre les personnages (c’est un peu le sel de la Mascarade, qui joue fortement sur la dimension politique), difficile de lire ce tome deux sans avoir relu son prédécesseur. La chasse de sang lancée contre Cecily et Ali s’est terminée par la destitution et l’emprisonnement d’Erin Runningbear. Cecily a dans le même temps accès à des informations qui la rendent suspicieuse vis-à-vis d’Ali : cette dernière pourrait en effet être un agent infiltré.
Qualitativement, on est dans la lignée du tome précédent. Les auteurs donnent vie à une histoire dense aux multiples ramifications qui convoque les codes du jeu de rôle. La trame continue de se focaliser autour de Cecily Bain, redevenue la main armée de la cour des villes jumelles. Mais un autre personnage va prendre davantage de place, au fur et à mesure que sa position réelle est révélée : Ali. Sans compter la myriade de protagonistes secondaires (et de lieux) qui enrichissent le récit. Si l’ensemble peut ne pas passionner les non-joueurs, il y a là un effort certain de s’ancrer dans un univers et ses codes, et a donner une existence graphique efficace au tout. D’autant que les joueurs y trouveront un double intérêt, avec en bonus tout le matériel nécessaire (débuté en fin de volume un) pour faire jouer des intrigues dans le cadre des villes jumelles.
Graphiquement, le style de Devmalya Pramanik colle très bien à l’ambiance générale. L’illustrateur est autant à l’aise quand il s’agit de mettre en scène ses personnages dans un milieu urbain, ou lorsqu’il se focalise sur des extérieurs moins habités, tels que la forêt. Le trait est dynamique et accompagne efficacement les scènes d’actions comme les moments de discussion. Les cadrages flirtent beaucoup avec une certaine idée du hard boiled, Cecily se calquant sur la figure du détective solitaire, qui n’hésite pas à avoir recours à la violence.
Pour ce qui est de la figure du vampire, les auteurs sont fidèles au lore du jeu de rôle Vampire. Les différents clans représentés, leurs caractéristiques et spécificités mises en scène. Ainsi les Nosferatu se dissimulent dans les égouts quand les Tremere disposent d’important pouvoir de manipulation du sang. On découvre également certains rituels de la Camarilla, comme l’abattage, au cours duquel les humains susceptibles d’approcher la réalité de l’existence des vampires sont éliminés.
Une suite de qualité homogène avec le premier tome. Compte tenu du final et des pistes possibles de scénario esquissés, je suis assez titillé pour avoir envie de lire le troisième opus.