Et si on voyait le vampire autrement ? Autre qu’un humain, blanc, beau, séduisant et secrètement avide de sang et de meurtre ? Et si l’origine de ce mythe se trouvait bien au-delà ? C’est le but de cette anthologie publiée chez Lune Ecarlate : montrer que le vampire existe depuis la nuit des temps. Tout au long de la lecture, on voit défiler l’histoire du genre humain et chaque nouvelle retrace une transformation, une hypothèse de création de ce mythe.
Étant donné que c’est une anthologie, l’œuvre est écrite avec le style de chacun. Au début de chaque texte, on retrouve une courte biographie de l’auteur, ses motivations pour l’écriture de cette nouvelle et quelques mots sur l’histoire en elle-même.
Autre que le style, l’utilisation du vampire est originale : et si Vlad Tepes n’était pas le premier suceur de sang ? L’originalité réside dans la façon d’aborder le vampire dans l’œuvre : les pires tyrans de l’histoire, les maladies, tout cela a un lien avec le vampirisme. L’histoire est, comme on le sait, baignée dans la violence et le sang, violence qui aurait laissé passer les indices indiquant l’existence de cette obscurité.
Dans la première nouvelle, La Femme, l’histoire est contée par un vampire lui-même qui fait la rencontre d’un des anciens. Il cherche, comme le lecteur en ouvrant ce livre, à découvrir l’origine du mythe. Yakénal est décrit comme l’Originel, celui par lequel tout est arrivé. Il décrit son parcours de la création du monde à maintenant, sa survie avant la création de l’homme, évolution du singe. NokomisM, nous décrit l’origine du vampire comme un autre « Adam et Eve », un autre couple originel par lequel tout a commencé, les unissant par un lien d’amour.
Le vampire est présent dans toutes les périodes historiques dans cette anthologie. Dans, La campagne de Dacie, le vampire prend sa place dans les conquêtes de l’Empire romain. Il prend vie dans les Carpates, comme si cette région était la plus plausible à la naissance de cette créature de l’ombre. Cette nouvelle ne nous présente pas le vampire par une narration de son point de vue mais par les lettres du gouverneur de la province de Dacie et le journal de bord de Caius Helius, comme un clin d’œil à Dracula de Bram Stoker.
Plus loin, Yaël-July Nahon, dans Good Luck Mister chance, décrit un vampire plus proche de ce que l’on peut lire habituellement. Mais ici, c’est à l’époque Arthurienne qu’il voit le jour. Nous ne sommes plus face à des vampires primitifs comme au début, avec un instinct animal, mais bien face à une créature sanglante et sadique qui n’hésite pas à tuer, pourchassé par les célèbres chevaliers de la table ronde.
Des humains ayant subi une transformation par un autre vampire, par une morsure de bête, par une lassitude sur la vie, autant de possibilités que d’auteurs pour décrire une figure littéraire qui n’a pas fini de nous surprendre.