Entraînée en Etrange par Keea, Rayojini découvre peu à peu les mystères qui entourent les prodiges qui ne cessent plus de se produire un peu partout. Des prodiges qui pourraient être liés aux descendants d’une ancienne race qui dirigeait il y a bien longtemps le pays d’Etrange. Pendant ce temps, Gimel, seule depuis que Beth s’est rapproché d’Avirzah’e, décide d’aller chercher des réponses auprès du plus ancien des Eloims, qui vit reclus depuis des siècles.
Suite et fin de ce diptyque de Storm Constantine publié il y a plusieurs années aux Editions de l’Oxymore. Les pistes disséminées ça et là dans le premier tome vont peu à peu conduire à un dénouement concernant à la fois le rôle de Rayojini et le devenir des Eloims. Et si on avait déjà pu comprendre que la source de tout cela puisait aux racines mêmes des Artisans de Sacramante, on ne peut qu’apprécier la finesse avec laquelle se brosse l’histoire de ces vampires-artistes, et les répercussions multiples liées à leur présence sur terre. C’est finalement toute une cosmogonie que l’auteur dévoile dans ce deuxième volet, tout en donnant de nouveaux éclaircissements sur des points qu’on aurait pu penser pourtant acquis.
Si la traduction manque parfois de légèreté, on sent toujours poindre la poésie et l’onirisme de l’univers de Storm Constantine, qui propose une vision réellement novatrice du mythe du vampire, teintée de fantasy. Les personnages ne manquent pas non plus d’intérêt, à commencer par le duo Gimel / Rayojini, binôme de narratrices dont les points de vue se succèdent, chacune ayant son rôle à jouer dans le complot à grande échelle qui se dessine peu à peu dans l’ombre.
Les Artisans Eloims constituent la race vampirique de cet univers. On apprend dans ce deuxième opus que leur immortalité n’est que façade, et qu’après plusieurs siècles, ils finissent par devenir fous et par perdre toute consistance, rejetés des leurs et cachés à la vue de tous. Un état de fait que seuls les plus puissants d’entre eux connaissent, et dissimulent aux plus jeunes. On découvre également que certaines races humaines sont issues de l’accouplement d’Eloims avec des êtres humains. Et que leur ancien royaume a fini en ruines, après que les humains aient découvert leur besoin de sang.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas autant été surpris par un texte comme celui-là, qui joue avec le mythe du vampire tout en proposant une relecture très inhabituelle, à la fois par son univers très dark-fantasy et par la relation symbiotique entre les Artisans et leurs Mécènes. Du très bel ouvrage, qui mériterait d’être réédité (avec une traduction dépoussiérée) !