Corbeyran, Eric – Shibao, Alex. Exsangue, tome 1. La marque

VRP pour le compte d’une société pharmaceutique, Thania passe son temps sur les routes des États-Unis. Lors de ses rares disponibilités, elle veille à venir voir sa mère, internée dans un hospice et atteinte de la maladie d’Alzheimer. Alors qu’elle est en route pour Oklahoma City, la jeune femme prend en stop le mystérieux Marco. Ils finissent la nuit ensemble. Au petit matin, tandis qu’elle fouille les affaires de son amant, Thania sort de son sac une machette. Elle sait ainsi que la rencontre n’est pas fortuite, et que Marco a en tête quelque chose de précis pour elle.

Exsangue est une nouvelle mini-série (annoncée en deux tomes) scénarisée par Eric Corbeyran, vieux briscard de la BD franco-belge qui s’est aventuré maintes fois à utiliser la figure du vampire : Le chant des Stryges, Urban Vampires, L’apogée des dragons, Le Phalanstère du bout du monde ou encore Sideshow. Exsangue paraît brasser des éléments déjà vus ça et là, comme l’opposition entre le Vatican et les vampires, et l’idée que les vampires existent au sein même de la société humaine. On retrouve là des choses croisées dans Le chant des Stryges ou encore Urban Vampires, mais l’auteur parvient une fois de plus à ajouter une touche de nouveauté, tout en proposant un scénario dynamique avec son lot de surprises.

Il y a déjà la thématique mémorielle, présente dès les premières planches avec la maladie d’Alzheimer de celle qu’on nous présente comme la mère de Thania. Ensuite, il y a le personnage central, qui paraît avoir oublié la quasi-totalité de son passé. Elle n’en a pas moins conscience de ce qu’elle est, et de l’existence de dangers qui pèsent sur sa survie. Mais elle n’est pas en capacité à mettre un nom sur ces dangers, et évolue seule, coupée aussi bien du monde des vampires que de celui des humains. Le duo qu’elle forme avec Marco est dans le même temps assez mystérieux. Tous deux finissent par avancer de pairs, mais le sicaire du Vatican paraît dissimuler beaucoup de choses de son passé et de ce qui motive ses choix.

Le dessin du brésilien Alex Shibao est de bonne facture. En dehors d’une participation en 2023 à l’anthologie Les filles de Soleil, l’illustrateur était jusque-là surtout connu comme cover artist, pour des éditeurs américains tels que Dynamite, Titan ou Aftershock. Son trait réaliste colle bien à l’histoire, l’ensemble étant rehaussé efficacement par la mise en couleur de Natália Marques.

On comprend au fil de l’album que la société des vampires est en nombre restreint, et qu’elle se dissimule au sein de l’humanité, avec sa propre structure hiérarchique et ses rituels. À la tête des vampires, il y a les purs sang, ceux qui n’ont pas été transformés, mais sont nés vampires. Ils sont pourchassés par le Vatican depuis plusieurs centaines d’années, sans qu’on sache encore pourquoi. L’Église dispose d’agents entrainés pour exécuter les vampires qu’elle débusque. Pour en venir à bout, une lame en argent paraît enfin être la seule méthode efficace.

Un premier opus plutôt bien mené, même s’il ne surprend pas totalement, étant donné son utilisation d’éléments déjà croisés concernant la figure du vampire. Reste que Corbeyran sait plonger le lecteur dans un récit sans temps mort, entre polar, espionnage et surnaturel.

Corbeyran, Eric - Shibao, Alex. Exsangue, tome 1. La marque

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