Hongrie, XVIe siècle. La comtesse Elisabeth Bathory se livre à des orgies dans son château. Elle y torture et tue des jeunes filles pour se baigner voluptueusement dans leur sang, espérant ainsi gagner la jeunesse éternelle. Le présent récit illustré reprend le mythe de la légendaire comtesse sanglante : vampire pour la légende et tueuse en série pour l’histoire. Il dresse un portrait sans concession d’une femme complexe, autant ambiguë que terrifiante.
Elisabeth Bathory n’est pas un simple album de bande dessinée qui se lit, mais une œuvre qui se contemple. Pascal Croci met en image les exactions d’un personnage aussi énigmatique que sulfureux d’une façon authentique. Stylisée sans jamais sombrer dans le racoleur, son approche du mythe flirte avec une certaine «pornographie macabre», comme il le décrit lui-même, en conservant néanmoins une pudeur suggérée.
Le destin de la comtesse défile au travers une succession d’images partagée entre sublime et dérangeant. On y découvre l’enfance d’une Bathory déjà hors normes, son mariage platonique, ses liaisons interdites, son aversion pour la vieillesse… Son désir de jeunesse éternelle la pousse dans une effroyable quête de sang. Les meurtres de jeunes filles se multiplient, les actes de torture deviennent sont quotidien. La légende d’une femme étant désignée comme le premier vampire féminin de la littérature se construit dans l’horreur.
Les textes ciselés, qui prennent la forme de commentaires ou de témoignages, font offices d’arrière-fond décalé. Ces derniers, empreints d’un souffle poétique dénué de fioriture, mettent admirablement en valeur les nuances d’un graphisme aux couleurs délectables : de vastes étendues neigeuses, des salles de tortures d’où suinte le malsain, des ruines gothiques… l’imaginaire du lecteur ne peut que se délecter d’une telle inspiration à l’indéniable fluidité visuelle.
L’album, esthétique à souhait, propose quelques commentaires des auteurs dans ses dernières pages ainsi qu’une brève présentation du personnage historique. L’œuvre est censée clore le cycle de Croci sur le vampirisme. Des noms tel que celui de Dracula, Harker ou Carmilla sont évoqués au fil du récit, ce qui donne une cohésion certaine au thème des buveurs de sang sur lequel l’auteur s’est penché. Adulte, sans concession, parfois glauque mais néanmoins émouvant dans son traitement… Cette interprétation sublime du mythe de la comtesse Bathory ne peut que séduire. Un album superbe.
Après deux albums dédiés au personnage de Dracula, qu’il s’agisse de la créature de Bram Stoker ou du personnage historique, Pascal Croci clôt ici son cycle vampirique.
L’album est construit comme une succession de scène reprenant certains passages-clés de la vie de la comtesse, passages qui nous conduisent peu à peu dans un maelström de torture, de sexe et de sang, le tout lié par un sens aigüe de l’esthétisme qui point depuis les débuts de l’auteur. L’histoire est introduite par un manuscrit transmis à Joanathan Harker par sœur Agatha, qui le recueillit lors de sa fuite du château de Dracula. Croci et Pauly jouent ainsi une nouvelle fois avec le roman de Stoker, dont ils finissent par connaître par cœur chaque méandre, prenant des libertés maîtrisées et pertinentes, déviant sur des trames parallèles intéressantes et réussies.
En bref un très bel album, esthétique en diable (mais c’est une des qualité constante dans l’œuvre de Croci), sulfureux et hypnotisant. Chaudement recommandé donc, pour ceux que les scènes plus "crues" ne risquent pas de heurter.
Je l’ai acheté après être tombée sous le charme du trait de Croci avec les albums "Gloriande de Thémines" et "Lady Tara Cornwall". Après avoir feuilleté l’album, je trouve que le terme sulfureux, employé par Vladkergan, lui colle à la peau.
Une nouvelle fois, Pascal Croci ravit nos yeux avec ses sublimes dessins gothico-érotiques. L’histoire contée à travers un manuscrit est prenante, une vraie réussite. Pascal Croci est un des maîtres de la BD vampirique, définitivement.
Premier album de ce genre pour moi et que dire… Wow
J’ai été singulièrement choqué par ce qui fut représenté et je ne suis pas près d’oublier ceci !
L’auteur semble avoir un sens de l’horreur des plus développés parce que cela dépasse de loin tout ce qui imaginable.
Je vous le dit sincèrement : âmes sensibles s’abstenir car risque de psychose.
A part cela la qualité des dessins est de la narration est irréprochable il y a un réel travail de mise en profondeur… Les décors et les scènes sont fresques irréels, prenants, saisissants mais ils provoque paradoxalement une répulsion quand à l’horreur incommensurables qu’ils peuvent aussi provoquer.
En bref : un album qui ne laisse pas indiffèrent le lecteur…