Revenue en France depuis peu, Cassandra essaie tant bien que mal d’assumer sa transsexuallité, même si entre l’omerta de sa famille paternelle et les remarques des quidam qu’elle peut croiser dans la rues, un tel objectif relève parfois de l’exploit. A la recherche d’hormones pour atténuer sa masculinité, elle fait la connaissance de Valérie, une jeune sorcière appartenant à l’association des Hell Butches, un gang de lesbiennes composé d’humaines, sorcières, loup-garous et vampires. Et parmi les vampires, Morgue, qui l’entraîne rapidement dans le quotidien endiablé de la petite troupe. Et va bouleverser rapidement les sentiments de l’héroïne.
Rien qu’en découvrant le titre, Une autobiographie transsexuelle (avec des vampire), le lecteur aura tôt fait de classifier en Objet Littéraire Non Identifié le (court) roman qu’il a entre les mains. Car si les premières pages tendent à donner l’impression de se retrouver dans les pensées d’une transsexuelle lambda, l’arrivée de sorcières, vampires et autres garous tend rapidement à faire de ce texte une fiction rock’n’roll libérée de tout a priori. Gunfight, confrontation avec des dragons, piratage informatique, sorcellerie, nombreux sont les ingrédients qui dynamisent l’ensemble et empêchent toute sensation d’ennui. Tout en maintenant, au centre du récit, l’empowerment et la prise d’assurance progressive d’un homme-femme jusque là assez introverti.
Tour à tour drôle, touchant et sans fard, le récit possède bien quelques incohérences (l’évolution de Cassandra est un peu trop rapide et extrême), mais elles n’empêchent pas de savourer ce texte iconoclaste qu’on pourrait logiquement classer dans le giron bit-lit. Urbain en diable, fantasy dans son essence, le récit interroge pour autant la place dans la société des transexuels (voire de l’ensemble des LGBT), et les problèmes quotidiens qu’ils peuvent rencontrer. Le personnage de Cassandra, jeune étudiante qui éprouve encore des difficultés à s’assumer, et va dans le même temps être confrontés au surnaturel (même si ce dernier est prégnant dans son univers) est ainsi assez caractéristique du genre.
Côté vampire, on apprendra au fil du texte que les buveurs de sang ont révélé leur existence sans trop de heurts, même si le législateur essaie de trouver une solution pour juguler la nécessité pour ces créatures de boire du sang humain. Les vampire possèdent la plupart des caractéristiques classiques : ils soutiennent difficilement la lumière du soleil, ont des canines acérés et un besoin incontrôlable de boire du sang, autant pour assurer leur survie que cicatriser plus rapidement. S’ils ne sont pas en mesure d’ingérer la nourriture humaine, ça ne les empêche pas (pour certains) d’apprécier d’en ingérer de temps à autres, par nostalgie. Enfin, pour les tuer, il semble que le recours à des balles en argent soit la solution la plus efficace. Mais les pieux et la décapitation fonctionnent également.
Un court roman particulièrement dynamique, qui se paie le luxe de mettre au cœur d’un univers d’urban fantasy le personnage d’une transsexuelle en mal d’acceptation de soit. Original, stylé et du coup plutôt recommandé.