Voleur surdoué et plein de ressources, Artful Dodger, de son vrai nom Jack Dawkins, est le bras droit de Fagin, à la tête d’une bande de pickpockets qui écument Londres. À la faveur de ses pérégrinations en ville, Artful fait la connaissance de la mystérieuse Alexandrina Victoria. En voulant venir à l’aide d’un de ses comparses, le jeune homme et sa nouvelle connaissance découvrent que les vampires ne sont pas qu’un mythe. Artful comprend qu’il n’a pas rêvé ce qui s’est passé à la mort de sa mère, et que cette dernière a été attaquée et saignée à blanc par un buveur de sang.
Avant d’être un comics, Artful est déjà un roman, écrit par Peter David (qui co-signe ici le scénario). Si je n’ai pas lu le texte de départ (ça devrait venir un jour), le personnage et le contexte de départ de l’histoire ne me sont pas inconnus. En effet, Artful est un personnage tiré du Oliver Twist de Charles Dickens. Peter David propose en effet une uchronie basée sur une fiction établie, à la manière de ce que Kim Newman a pu faire avec son Anno Dracula, ou Van Jensen avec Pinocchio, Vampire Slayer. On suit ici l’un des personnages secondaires du roman d’origine, qui va être confronté au surnaturel et donner un éclairage différent sur certains aspects d’Oliver Twist. L’histoire ne manque pas de charmes : les personnages sont attachants et le récit possède son lot de rebondissements plutôt bien menés. Par ailleurs, l’auteur ne se refuse pas à faire le lien avec d’autres univers (le Canon Holmésien, via la présence des Irréguliers de Baker Street, Dracula via la présence des Van Helsing…), pour le plaisir des lecteurs qui apprécient l’époque victorienne et sa galerie de personnages de fiction.
Là où le bât blesse, c’est du côté graphique. Si les couvertures des numéros originaux comme celle du recueil sont assez réussies, l’intérieur n’a pas le même cachet. Le dessin manque d’homogénéité, le trait est trop appuyé, et la couleur est pour le moins ratée, et soit trop criarde, soit trop pâle. De quoi fortement gâcher le plaisir de lecture.
Côté vampire, on découvre que les vampires ont la mainmise sur les bas-fonds du Londres victorien. Ce sont des créatures nocturnes qui ont besoin de sang pour survivre, et craignent les symboles religieux, en fonction de leur religion originelle. On verra également qu’un pieu en plein cœur est en mesure de tuer définitivement un vampire, de la même manière que les rayons du soleil brûlent gravement ces derniers. Mordu, un être humain doit néanmoins consommer sa première victime avant de pleinement devenir un vampire. Mais pour en arriver là, il faut déjà que la victime ait été vidée de son sang et qu’on lui ait fait boire le sang d’un vampire, qui s’assurera ainsi de pouvoir plier à sa volonté le futur buveur de sang.
Un scénario pas désagréable, mais le dessin plombe dès les premières pages le plaisir de lecture. Vraiment dommage…