À son réveil à la morgue, Betsy Taylor découvre qu’elle est un vampire. Même si sa nouvelle condition possède de nombreux avantages, elle a bien du mal à s’habituer à son régime à base de liquide. Et même si sa mère est ravie d’apprendre que la mort ne lui empêchera pas de lui rendre visite, ses nouveaux amis nocturnes, eux, ont la conviction ridicule qu’elle est la reine annoncée par la prophétie…
Une découverte rafraîchissante que ce premier tome de Queen Betsy. La lecture d’une œuvre appartenant au registre dit chick-lit s’est révélé, dans mon cas, une expérience aussi inédite que concluante. Les qualités qui rendent la série de Mary Janice Davidson accrocheuse ? Une héroïne non exempte de défauts, souvent désinvolte, mais surtout terriblement drôle. L’humour omniprésent, même dans les passages tragiques, dispense un ton déluré, très fun, à Vampire et célibataire. Facile à lire et faisant la part belle aux dialogues pêchus, le roman se garde de tomber dans le mélodramatique.
La façon dont l’auteur propose sa vision du vampire se révèle à la fois simple et ingénieuse. Elisabeth Taylor subit une agression par une bande de types étranges à la sortie d’un restaurant. Cette attaque semble dans un premier temps sans conséquence. Sauf que quelques jours plus tard, une voiture renverse la jeune secrétaire récemment licenciée. En se réveillant sur une table de la morgue, elle n’a qu’une idée en tête : rester morte ! Pour cela, elle va essayer de se suicider de toutes les manières classiques pour un humain ou un vampire : la noyade, se poignarder, boire de la javelle, se faire renverser par un camion d’éboueurs… Rien n’y fait. Le tout est bien sûr toujours traité sur un ton léger.
Par hasard, Betsy va découvrir la force nouvelle qui est en elle ainsi que ses sens aiguisés, en plus de sa quasi-invulnérabilité invulnérabilité. Après s’être résolue à sa nature vampirique, la jeune femme va faire savoir à sa famille qu’elle n’est – pas tout à fait – morte, et renouer avec sa meilleure amie Jessica. De fil en aiguille, la vampire va être amenée à s’impliquer malgré elle dans le conflit que se livrent les buveurs de sang. D’un côté Sinclair, un immortel ténébreux qui l’agace autant qu’il la fait craquer. De l’autre Nostro, un vampire sinistre et sanguinaire. Betsy va se voir contrainte de rejoindre une des deux factions.
Derrière cette trame des plus commune, souvent ressassée, le texte gagne en intérêt grâce à son personnage principal : Betsy n’est jamais à court de jeux de mots, se montrer impertinente, pleine d’entrain et peut tourner en dérision les pires situations. Sans oublier son penchant qui la rend irrémédiablement accro à la mode et aux chaussures de marques. Marques de prêt-à-porter qui sont cités régulièrement tout au long du récit, en plus d’une utilisation à tout bout de champs des parenthèses.
Vampire et célibataire est une histoire ingénieuse derrière sa superficialité de façade. Le mythe du vampire est traité avec une certaine irrévérence, ce qui est intéressant. Le roman est également parsemé de références et clins d’œil aux œuvres les plus incontournables liées à la culture de Dracula & co. Betsy est la reine des non-morts annoncée par une prophétie. Mais si elle ne présente aucun des points faibles propre à son espèce, il en va tout autrement des autres vampires : ils craignent la lumière diurne, les objets et paroles religieuses, ils ont besoin de boire davantage de sang que l’héroïne… les rares inconvénients que doit supporter cette dernière tient à son charme surnaturel qui la rend irrésistible auprès de la gent masculine, et à l’attraction qu’elle exerce sur les chiens.
La galerie des personnages évoluant autour de Betsy n’a rien de sensationnelle. Les différents intervenants sont surtout marrants chacun à leur manière et permettent à la reine vampire de s’imposer en tant que protagoniste incontournable. L’histoire contient juste ce qu’il faut d’érotisme, sans vulgarité ni excès, mais le suspens est aussi mince qu’une feuille à cigarette. Un petit mot au sujet de la belle illustration de couverture qui reflète parfaitement l’ambiance et l’esprit de la série. Le style pétillant et cartoon de son artiste attire l’œil et permet de se faire une idée du livre.
Ce premier opus de Queen Betsy se veut désopilant et hilarant comme une bonne série TV. Une première aventure qui casse les stéréotypes du genre vampirique pour mieux jouer sur une nuance ironique. L’intrigue ne se prend pas au sérieux tout en parvenant à se montrer plaisante. Franchement, cela faisait un bout de temps que je n’avais pas autant souris lors d’une lecture. Un roman féminin jusqu’au bout des ongles, mais qui est capable de plaire à un large public. Les amateurs de chick-lit, de bit-lit ou ceux simplement à la recherche d’une agréable distraction apprécieront.