Sherlock Holmes existe bel et bien ! Simplement il se trouve avec le professeur Watson sur une Terre parallèle ayant jadis reçu la visite des Worsh, des extraterrestres désormais parfaitement intégrés à la communauté humaine, qui bénéficie de leur technologie avancée ; et notre Conan Doyle, capable de se rendre sur cette autre Terre grâce à une invention de Watson, se contente dans notre monde de raconter les vraies aventures du célèbre détective – très édulcorées, cela va sans dire. Car Holmes, l' » Assassin de la Reine « , n’a pas grand-chose à envier aux monstres qu’il pourchasse…
Le fabuleux trio, au fil de ses aventures, va devoir affronter pas moins de deux Jack l’Éventreur, et combattre l’infâme professeur Moriarty, ennemi juré de Sherlock Holmes, qui va tout faire pour découvrir la clé de l’immortalité – un secret qui se dissimulerait dans un bien mystérieux Instinct de l’équarrisseur…
Vu le synopsis holmésien de ce roman, je ne pouvais décemment pas passer à côté. Détail amusant : avant d’entamer la lecture, je n’avais aucune idée d’un quelconque lien avec la thématique vampirique. Quand soudain, au détour d’une page des premiers chapitres, l’incroyable venait de s’imposer à moi : j’étais en train de lire un roman à forte connotation vampirique sans même l’avoir pressenti. Il s’agit par ailleurs de mon premier Thomas Day, qui plus est dédicacé par l’auteur lui-même, je ne pouvais que me lancer avec intérêt dans la lecture.
A la différence de Saberhagen, dont l’hommage au héros de Conan Doyle se transforme vite en gâchis complet, Thomas Day propose ici une relecture aussi riche et rafraîchissante que réussie, mâtiné de SF, de Steampunk, de Polar et d’une touche de littérature XIXe franchement réussie. Qui plus est, l’auteur se paie le luxe de faire intervenir Jack London, Oscar Wilde, Albert Einstein, etc. La trame est passionnante, complètement décalée, Day égratignant avec plaisir le mythe holmésien, mais avec un savoir-faire incroyable. Et explique par la même occasion certaines des caractéristiques les plus noires de Holmes (dont son penchant pour la drogue).
Le côté vampirique du roman réside surtout dans la présence récurrente du fameux Instinct de l’Equarisseur, une livre qui donne les clé de l’immortalité, sous peine que les intéressés cèdent à certaines pulsions sanglantes. Si ces pulsions ne sont pas comblées, l’immortel voit rapidement sa vigueur et son apparente jeunesse disparaître, laissant dès lors la place à un corps plus conforme à son âge réel. Les premiers chapitres du roman voient également une enquête menée à bien par Holmes, Watson et Doyle faire intervenir un certain Vlad Tepes, qui va permettre de relier un des grands mythes policiers de cette époque avec le mythe du vampire.
Un roman franchement excellent, à l’efficacité incontestable, qui offre au lecteur une vision de l’oeuvre de Conan Doyle aussi originale que passionnante, ainsi qu’une variation intéressante sur le thème du vampire.