Après s’être rendu compte que la belle Mathilde de Fromont, une femme mariée de laquelle il s’est entichée, lui préfère le jeune de Bassens, Robert de Rolleboise accepte le proposition d’Horatio Mockingus, qui lui promet de lui donner le pouvoir de se venger de la jeune femme. Sur les ordres de l’anglais, il se rend donc en Angleterre afin d’aider celui-ci à ourdir une machination contre Ovidia de Firstland, héritière du même nom…
A mi chemin entre le vaudeville et le drame, Le vampire est paru quelques dizaines d’années après le Vampire de Polidori, dans le sillage d’autres textes français comme La morte amoureuse de Gautier ou le Infernaliana de Nodier. Pour autant, le roman de Angelo de Sorr est davantage à ranger du côté des faux-vampires, même si le nombre de références au sujet est assez important au fil de l’ouvrage, à commencer par le titre de nombreux chapitres (qui jouent sur la créature et ses caractéristiques)
Les amateurs de littérature XIXe apprécieront sans nul doute la plume de l’auteur, et la galerie de personnages retords qui évoluent tout au long de l’intrigue. Malgré tout, le texte aurait peut-être mérité davantage de relecture, pour en ôter les coquilles qui peuvent buter à la lecture. N’en demeure pas moins que ce ouvrage est un bon exemple de ce qui se faisait à l’époque, et partage pas mal de points communs avec une littérature gothique qui a (malheureusement) totalement disparu aujourd’hui. En ce sens, et dans sa manière d’aborder le mythe vampirique (et de jouer avec celui-ci), il trouve tout naturellement sa place parmi les titres de la collection Frissons.
Passé le titre, de nombreux chapitres font référence au vampire. A commencer par le jeu jouée par de Rolleboise, influencé par Mockingus, qui se présente comme le frère vampirisé d’Amadeus. Et comme ce sinistre personnage de Lord Lodore, ami de Mockingus, dont le château à la sinistre réputation d’être hanté et d’abriter un vampire. Preuve en est des corps de jeune femme qu’on dit avoir retrouvé au pied de la falaise qui jouxte le château. Lord Lodore, dont l’attirance pour la mort, et la passion des cimetière n’est pas en reste quant il s’agit de rattacher le personnage au thème du vampire. Sachant que ses centres d’intérêts rappelleront aux connaisseurs l’affaire du Sergent Bertrand (qui est d’ailleurs explicitement mentionnée).
Un roman intéressant pour aborder une époque de la littérature française un peu tombé en désuétude, et cerner l’impact littéraire du thème des es premières armes. A noter également la suite de l’étude de Malaïka Macumi sur le vampire littéraire, une bonne initiative qui sert d’ouverture à ce nouvel opus.