Début du XVIIIe siècle, en Serbie. Revenu de guerre, le soldat converti Arnold Paul reprend possession de la ferme de sa famille, se mettant au passage à dos une partie du village où se trouve cette dernière. Peu à peu, il parvient à gagner le respect de tous, même s’il doit lutter jusqu’à la mort contre les heiduques qui s’opposent à lui.
Premier tome d’une saga intitulé Secrets de sang, cet opus consacré à Arnold Paul (parfois traduit Arnole Paole) revient donc sur l’histoire de cet ancien soldat au cœur d’une des premières affaires de vampirisme connues. Si l’ensemble est fortement romancé, l’auteur (qui signe à la fois le dessin et le scénario) propose néanmoins une version assez bien fichue de cette anecdote, les éléments qui nous sont connus restant assez minces. On se trouve alors au cœur d’une période troublée, dans une région tiraillée entre son histoire chrétienne et l’influence turque. Si la part fantastique y est bien présente, elle n’intervient que tardivement et pas vraiment de la façon à laquelle on aurait pu s’y attendre.
Si le scénario recèle quelques idées intéressantes, il faut par contre avouer que certains retournements de situation ou évènements peinent à toucher le lecteur, Arnold Paul, taciturne s’il en est, étant difficilement un personnage auquel on parvient à s’identifier.
Le dessin est correct sans non plus briller par son originalité, ni par sa maestria. On est face à un style classique qui peut rappeler certaines productions de la collection « Vécu »(chez Glénat), avec un soupçon de dynamisme en plus. Reste que le dessin est homogène et colle assez bien à l’ambiance.
La part vampirique est présente mais n’apparaît que tardivement dans l’album (en fait dans le dernier tiers). Certains des personnages vont en effet utiliser la mythologie locale du vampire pour convaincre les villageois de ne pas accueillir Arnold Paul, et en faire un homme à abattre. Tout cela en réintégrant certains aspects du récit qui nous sont parvenus (notamment le fait qu’il aurait été tourmenté de son vivant par un vampire).
Un premier opus pas parfait mais qui s’avère intéressant pour certains aspects de la relecture de la vie d’Arnold Paul qu’en propose l’auteur, de manière à démystifier ce que nous connaissons aujourd’hui du personnage.
C’est vraiment une époque passionnante, avec l’Islam aux portes de l’Europe et ce que cela peut comporter de fantasmes. Avoir utilisé ce cadre pour une histoire de vampire est original, je trouve.
Je ne placerais pas l’originalité à ce niveau, étant donné que la base de cette histoire est liée à l’hystérie vampirique du XVIIe siècle et à un des ses personnages emblématiques : Arnold Paole. Ce qui m’intéresse à ce niveau, c’est davantage la manière dont l’auteur joue avec les comptes rendus d’enquêtes qui sont parvenus jusqu’à nous pour raconter une histoire originale qui aborde de manière détournée le thème du vampire.