L’apprenti jardinier Sylvère est devenu inquisiteur-vampyre, et Faustin, désormais déchu de son titre, est son ombre. Ils sont dépêchés à Chambord, où le comte donne comme chaque année un grand bal masqué. Celui-ci est prétexte à une chasse à l’homme qui se tient au mépris des quotas imposés par la Faculté hématique. L’organisme a également eu vent de la présence potentielle de La Duchesse de Cocagne à cette occasion. Si Sylvère et Faustin parviennent à stopper une fois pour toutes celle-ci, ils ont la possibilité pour l’un d’être réunion avec sa promise Daphnée et de sauver celle-ci de l’exécution, pour l’autre de retrouver ses statuts nobiliaires.
Les vendanges pourpres reprend à l’endroit où s’achevait L’inquisiteur et son ombre. Sylvère et Faustin ont succédé à Gauthier de Norcombe et de son ombre Sganarelle. Sylvère, accidentellement transmuté en vampire par le sang de l’inquisiteur a été épargné par la Faculté hématique pour remplacer Gauthier. Le duo va rapidement devoir se mettre en chasse, et est dépêché à Chambord. Le comte qui règne là piétine depuis des années les quotas imposés, et pourrait cette fois-ci héberger La Duchesse de Cocagne, à laquelle les deux hommes ont déjà eu à faire. La trame est plus dense que dans le premier volume, et permet d’exploiter une bonne partie de l’univers de Vampyria, imaginé par Victor Dixen. Si la majorité de l’Europe est sous la coupe de Louis l’Immuable (Louis XIV devenu vampire au seul de son trépas), les tensions sont nombreuses au sein de cet écosystème politique. D’autres puissants vampires aimeraient prendre les rênes de la Magna Vampyria, et complotent dans l’ombre. Chez les humains aussi, la colère gronde, notamment face à des aristocrates vampires qui se livrent à des exactions de masse. L’auteur poursuit ici la geste de Sylvère, qui n’aspire désormais plus qu’à une chose : retrouver Daphnée.
Graphiquement, le trait d’Eder Messias est de très bonne facture. Son style se situe quelque part entre l’école italienne (Sky-Doll) et le comics américain (il a travaillé sur Spider-Man). La mise en couleur joue beaucoup sur la réussite des ambiances de cette suite. L’ensemble est relativement sombre (l’essentiel des événements se déroule de nuit), mais les jeux de lumière donnent un certain dynamisme aux planches, tout en maintenant un niveau constant de lisibilité.
L’univers vampirique dans lequel s’inscrit ce nouvel opus est celui de Vampyria, créé par Victor Dixen, et qui s’étend (notamment) sur deux séries de romans (Vampyria et Vampyria America) et ce diptyque BD. L’auteur imagine que tout a basculé après que Louis XIV soit devenu vampire et a réduit sous sa coupe une partie du monde. Vampyria Inquisition nous donne à suivre un des rouages précis de l’univers, celui des Inquisiteurs, bras armé de La Faculté hématique, qui veille au respect des quotas et à la stabilité entre les différentes strates de la société. On a déjà compris dans le premier tome que les inquisiteurs évoluent avec à leurs côtés une ombre, un humain rompu au combat, qui leur permet d’agir en journée. On verra également que le sang est au cœur de la magie de cet univers, son utilisation étant surveillée par La Faculté. Pour ce qui est des vampires, l’exposition au soleil et un pieu enfoncé en plein cœur semblent la manière la plus efficace d’en venir à bout. Mais certaines créatures de la nuit, plus résistantes, nécessitent parfois l’usage d’armes plus anciennes (et puissantes).
Une suite qui offre une conclusion à la mesure du premier volet, tout en continuant d’exploiter les méandres de Vampyria. Le contexte politique est davantage mis en avant, notamment l’idée que le gant de fer de la Faculté n’empêche pas la sédition, quelle que soit l’origine de celle-ci. L’histoire se conclue de plutôt belle façon, entre récit gothique et conte de fée.