Dernier survivant de sa tribu, Nosferatu ne sait pas vraiment s’il est ou non un vampire. Depuis que la planète à été dévastée par un mystérieux cataclysme, qui a finit par faire disparaître la quasi totalité de la vie, il doit cependant consommer de la chair fraîche pour survivre. Déclamant ci-et-là du Baudelaire, du théâtre et se laissant parfois aller à un humour enfantin, la créature solitaire tente tant bien que mal de ne pas sombrer dans la folie, et de trouver un échappatoire à sa condition.
Difficile de résumer cet album de Philippe Druillet. En effet, loin des batailles et voyages de certains de ses titres phares, Nosferatu est davantage dans le registre de l’introspection et du huis-clos (certes à l’échelle d’une planète, mais dévastée). L’album est exclusivement centré autour du personnage de Nosferatu, une créature humanoïde qui semble être un des derniers êtres vivants doués de conscience, depuis que la planète où il vivait a changé.
Entre réminiscence de textes et extraits dont il ne se rappelle plus la source, Nosferatu vacille sur la mince frontière qui sépare la raison de la folie, poussé dans ses derniers retranchement par la solitude. Et même quand il trouve d’autres créatures avec qui cohabiter, c’est rapidement pour se rendre compte qu’elles ne le comprennent pas. De là à voir Nosferatu comme la représentation de l’artiste incompris qui cherche l’élévation dans un monde détruit (par la main du vivant, voire de l’homme), il n’y a qu’un pas…
Le dessin est moins abouti que dans les productions ultérieures de Druillet. Si la réédition chez Albin Michel en 2001 a nettement dépoussiéré les planches crayonnées d’origine, force est de constater que l’ensemble est plus dépouillé que le reste de l’oeuvre du dessinateur de Lone Sloane. Reste que même dans le dépouillement, il reste d’une efficacité indéniable, et certaines planches sont bluffantes en terme de mise en page comme de cadrage.
Le thème du vampire n’est pas forcément présent au sens strict dans cet album. Si on dépasse le nom du personnage, et l’introduction sur Nosferatu / Dracula en ouverture, il y a en effet peu d’éléments sur le sujet. Nosferatu se veut lui-même hésitant quant à son appartenance à la race vampirique. Il partage le même physique que le personnage éponyme et doit s’abreuver de sang / chair fraîche pour survivre. Il possède cependant des dents acérées, des onglets démesurés et peut se déplacer dans les airs en volant.
Un album assez difficile d’accès mais qui possède déjà quelque chose des œuvres ultérieures du dessinateur. Introspectif, quasi-exclusivement constitué des monologues du personnage principal, il s’agit d’un album difficilement classable, qui flirte avec la tragi-comédie.