A travers l’étude d’une dizaine de films emblématiques de la carrière du vampire au 7e art, du Nosferatu de Murnau au Twixt de Coppola, en passant par le Cauchemar de Dracula de Fischer ou encore le Addiction de Ferrara, l’auteur propose de découvrir les multiples facettes cinématographiques des buveurs de sang. Journaliste aux Cahiers du cinéma et enseignant spécialiste du cinéma de genre italien, Stéphane du Mesnildot immerge le lecteur dans la généalogie des vampires, créature née (ou peu s’en faut) avec les débuts du cinéma et qui n’a jamais cessé d’évoluer, influencée par la littérature ou les contextes sociaux, politiques ou culturels.
Alors que je suis en train de finaliser une conférence sur le thème des vampires au cinéma, cet ouvrage en français tombe à point nommé. D’autant que les dernières publications dans notre langue datent, où restent trop en surface pour véritablement disséquer en profondeur les spécificités des vampires du grand écran. Et même en langue anglaise, il existe semble-t-il peu d’ouvrage vraiment fouillés sur le sujet (même si quelques uns devraient atterrir par ici dans les prochains mois).
Le livre de Stéphane du Mesnildot me permet au passage de découvrir l’existence des éditions Rouge Profond, spécialisées depuis des années dans la non-fiction (notamment cinématographique ) et qui comptent à leur catalogue plusieurs titres qui devraient fatalement se retrouvé disséqués sur Vampirisme.com à un moment ou un autre (notamment leur intégrale Midi-Minuit). A noter que l’ouvrage est imprimé sur un papier épais très agréable, et se dote d’une maquette du même acabit, simple mais intégrant de nombreux visuels en couleur.
Concernant le contenu de l’ouvrage, il faut avouer que l’ensemble est pour le moins intéressant et bien structuré. L’auteur a choisi de passer au crible les films sélectionnés dans l’ordre chronologique, mais ne noie pas son propos en citant 150 000 films à la seconde (ce qui est souvent le gros souci des ouvrages sur le sujet, dont la forme lorgne plus vers une recension laborieuse que vers celle d’une vrai étude en profondeur). Les choix de films sont parfois surprenants (je pense à La Momie de Freund, où à Cuadecuc et Inauguration of the pleasure dome, deux films quasiment inconnus par chez nous), mais l’auteur se justifie habilement de ses choix via l’étude des films en questions, et son argumentaire permet de mieux appréhender la place de chacun de ces films dans l’évolution de ce genre (qui n’en est pas vraiment un). Sans négliger de montrer en quoi le vampire est emblématique de notre rapport à l’image et à la sphère sociale.
Si je reste dubitatif devant certaines des thèses avancées par l’auteur (parfois un peu trop tirées par les cheveux), il n’en demeure pas moins que le résultat final est de qualité et offre enfin un ouvrage digne de ce nom à la littérature sur le sujet, à la fois à jour (le dernier film étudié est le Twixt de Coppola) et qui évite de jeter au lecteur des éléments trop rabattus. Un ouvrage qui propose en outre de nouvelles idées de films à voir (j’ai notamment découvert via cet ouvrage le Vamp de Wenk, le Flaming Creatures de Smith ou encore le Inauguration of the pleasure dome de Anger). Dès lors, quasi indispensable à ceux qui voudraient avoir une vision globale du sujet.