Londres, fin du XIXe siècle. La ville est sous le choc des meurtres de Jack l’Éventreur et les habitants se calfeutrent chez eux, dès la nuit tombée. Au sein de la communauté londonienne de vampires qui se terre dans un manoir abandonné, l’on se pose des questions. Le tueur serait-il l’un d’eux ? Entretiendrait-il des liens avec une étrange famille bourgeoise du nom de Heartavy, où plusieurs servantes ont disparu ?
Le maître de ce petit groupe va charger Stella de mener l’enquête. Grâce à ses pouvoirs, la belle immortelle pénètre le foyer des Heartavy et y rencontre le mystérieux docteur chargé de veiller sur John, le jeune héritier atteint d’une maladie incurable…
Pas forcément attiré par la couverture très « made by Photoshop » de ce roman, je me suis cependant laissé tenter par sa lecture, et grand bien m’en a pris. Non qu’on tienne là le chef d’œuvre de l’année, mais pour son premier roman, Ambre Dubois propose un roman populaire de belle facture, porté par une écriture stylée, claire et efficace qui ne ménage que peu de temps morts. Elle se paie le luxe de quelques petits clins d’oeils à l’œuvre de Stoker, mais cela ne gâche en rien la lecture car on est quand même très loin de la fiction de fan.
En ce qui concerne les caractéristiques vampiriques de cet ouvrage, l’auteur décrit une société vampirique pour le moins hiérarchisée, centrée dans chaque ville autour d’un prince local qui lui-même doit répondre à des instances supérieures. Les vampires apparaissent bien évidemment ici comme de créatures de la nuit, avide de sang, mais toutes n’ont pas les mêmes pouvoirs (notamment en ce qui concerne la régénération). Par ailleurs, Ambre Dubois introduit dans son univers la sorcellerie, son héroïne pratiquant les arts sombres. Bref, quelques éléments originaux bâtis sur différentes représentations du mythe, ce qui aboutit à une impression de déjà vu, mais le tout est rassemblé et interprété avec goût et style.
Sorcellerie, vampirisme, hypnose, médecine et enquête policière, ce premier roman de l’auteur se lit très agréablement. Moults rebondissements bien orchestrés accompagnent le lecteur d’un bout à l’autre de l’ouvrage. Un bel exemple de littérature populaire comme on aimerait en lire plus souvent.
La lecture de ce roman est très agréable et dépaysante. Comme signifié dans la chronique, l’intrigue est bien ficelée, préservant son suspens à coup de rebondissements qui tiennent le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.
En guise de terrain de jeu partagé entre pénombre et décadence, l’atmosphère Londonienne est empreinte d’un mystère du meilleur effet. L’affaire de Jack l’éventreur se trouve ainsi abordée sous un angle fort novateur bien que distillant des détails parfois un brin fantaisistes. L’assimilation de références issues du Dracula de Stoker apporte quant à elle quelques clins d’œil qui ne laisseront pas les amateurs indifférents.
La grande force de ce récit vampirique se situe néanmoins dans l’éventail de personnages charismatiques qui sont mis en avant : le maître vampire Rodrigue, l’imprévisible Drake, l’intriguant Mortepierre, l’innocent Corwin… On regrettera seulement que certains protagonistes ne soient pas davantage exploités ou approfondis.
Magie et vampirisme s’entremêlent afin de donner une identité réelle à une histoire dans laquelle pentacles et pouvoirs spirituels font bon ménage. Cohérent, le style de l’auteure laisse transparaitre une esthétique minutieuse, grâce auquel nombre de codes fantastiques sont brassés sans exagération ni redondance.
Le développement du Manoir des immortels laisse cependant entrevoir la suite qui se profile à l’horizon à la fin du bouquin. Il ne reste donc plus qu’à s’armer de patience pour connaître la suite des aventures de Stella. En attendant, les lecteurs en mal d’enquêtes et d’intrigues vampiriques trouveront idéalement leur compte en se laissant happer par ce roman plus dense qu’il ne laisse paraître aux premiers abords.
J’ai adoré, j’attends avec impatience un numéro 2.