1888, au coeur de la Transylvanie, d’intrépides aventuriers, dirigés par le professeur Van Helsing, pensent avoir mis fin au règne de terreur du comte Dracula… 1912, l’ombre terrifiante du comte plane à nouveau sur les survivants de l’expédition et… leurs descendants. De Marseille à Londres, le Mal se joue des apparences et entraîne des innocents dans une nouvelle course-poursuite sanglante ! Entre Jack Seward, qui débusque une nouvelle menace en France, et Quincey Harker, le fils de Mina et de Jonathan, qui fait la rencontre du mystérieux acteur roumain Basarab, le cauchemar risque de bientôt recommencer…
J’avoue avoir peu fait cas du roman de Dacre Stoker, à mes yeux nettement surfait, et qui ne valait pas vraiment son estampillage « suite officielle ». On a beau s’appeler Stoker et avoir la légitimité du nom, celle du style est d’un tout autre acabit, et c’est finalement sur ce point que le roman du descendant de Bram Stoker, écrit avec Ian Holt, pêchait le plus. Qu’allait donc nous réserver cette adaptation BD ? Force est d’avouer que le passage à la BD permet de s’affranchir davantage du texte d’origine, et de propose un récit bien plus lisible, car bien moins plombé par un style sans saveur. Michel Dufranne s’en tire donc plutôt bien, parvenant à s’approprier le roman de manière assez efficace. Davantage décomplexé que son matériau d’origine, ce premier opus peut donc s’apprécier comme une oeuvre indépendante, comme peuvent l’être des albums comme Dracula l’enfance d’un monstre.
On retrouve donc les personnages survivants du roman de Stoker, qui sont certes revenus de leur périple en Transylvanie, mais s’en trouvent irrémédiablement marqués. Seward, qui n’a jamais vraiment accepté la mort de Lucy, se lance donc à corps perdu dans la traque des vampires restant, aidés en cela par un mystérieux bienfaiteur. Une aide qui le conduit bientôt à se rendre à Marseille, où il semble qu’une mystérieuse vampire s’est installé, au moins pour un temps. Ce qui m’avait semblé être une trahison au roman original est beaucoup plus acceptable ici, d’autant qu’on peut mettre un visage sur les personnages différent de ceux que le cinéma nous a peu à peu imposé (ce qui aide plus facilement à dissocier les deux). La trame est certes introductive, mais il se passe quand même pas mal de choses dans ce premier opus.
Le dessin de Kowalsi, que j’avais déjà pu voir en action dans Urban Vampires, est assez réussi. Fin et dynamique, c’est un des points fort de l’album. Il possède une coup de crayon maîtrisé, l’ensemble étant assez bien mis en couleur, ce qui permet d’appuyer le côté pesant de l’ambiance. A noter également des cadrages assez réussis, qui donne un côté cinématographique à l’histoire, et appuient le dynamisme de certaines scènes.
Au niveau vampirique, on découvre des créatures qui sortent essentiellement la nuit. Ces vampires disposent de canines effilées. Ils craignent les symboles religieux. Ils disposent en outre de la capacité de se déplacer à une vitesse incroyable, de disparaître / apparaître sur de petites distances, voire de se transformer en des créatures tierces. A noter que l’un des personnages est une référence assez évidente à la comtesse Bathory (je n’en dirais pas plus pour ne pas gâche le plaisir de lecture aux amateurs).
Un premier album assez réussi, et bien plus appréciable que le roman dont il s’inspire. J’attends avec impatience la suite, pour voir si les auteurs arrivent à poursuivre dans cette voie (la fin du roman de Dacre Stoker et Ian Holt ne m’ayant pas du tout convaincue).