Amélia Fang est une jeune vampire qui vit avec ses parents dans leur manoir, à Nocturnia. La nuit tombée, elle se rend à l’école avec ses amis Grimaldi Mort-De-Faux (fils de la mort, qui s’entraîne pour le moment à collecter les âmes des crapauds décédés) et Florence Patata, une jeune yéti d’une espèce très rare. La mère d’Amélia organise une nouvelle fois le Bal Barbare, fête incontournable du Tout-Nocturnia. Et cette fois-ci, elle parvient à faire sortir le roi, que personne n’est parvenu à sortir de sa torpeur depuis bien longtemps : sa femme a été assassinée par des fées ! Et si notre héroïne vampire imagine un temps que Tangine, l’héritier du trône, puisse devenir son ami et lui éviter de s’ennuyer le soir du bal, elle déchante vite : le vampire est une vraie plaie !
Amélia Fang est une des dernières arrivées dans la course des variations jeunesse autour de la figure du vampire. La série compte déjà 3 tomes en anglais (le dernier en date est sorti en octobre 2018), et la traduction du tome 2 est d’ores et déjà annoncée chez Casterman Jeunesse pour 2019. Revenons à ce premier opus. On y suit donc les pérégrinations d’une jeune vampire et de ses amis (des créatures surnaturelles), dans un univers parallèle peuplé de monstres. Cet univers, Nocturnia, s’oppose à la Lumière, et les habitants du monde d’Amélia éprouvent une peur atroce des licornes, fées et autres créatures à paillette.
La trame du premier tome est somme toute assez classique : le trio d’ami va devoir faire face à Tangine, le fil du roi, qui estime que tout lui est acquis… mais pourrait dans le même temps cacher un secret. Pour autant, le récit est fluide, agréable à lire, les péripéties imaginatives. On ne s’ennuie pas à la lecture de ce roman prévu pour les 8 à 12 ans, qui reste mignon (il y a une touche d’humour pas désagréable et même si on est en présence de créatures du bestiaire horrifiques, elles ont à leur façon une vie similaire – même si en miroir – à la nôtre). Mais à mon sens, ce qui fait vraiment la force de cet opus, ce sont ces illustrations. Laura Ellen Anderson s’est avant tout fait connaître pour son travail graphique, et elle s’en donne à coeur joie dès ces premières aventures. Il y a certes un référentiel très burtonien, dans les traits de ses personnages, mais elle sait aussi imposer sa patte à l’ensemble. Et le texte met bien en valeur ses dessins, que ce soit en les intégrant au sein même des paragraphes ou s’en servant comme respirations, sur pages simples ou double-pages.
Amélia Fang est donc un jeune vampire de bonne famille. Si sa mère apprécie les tenues gothiques surchargées, l’héroïne de la série est plus simple dans ses atours vestimentaires. Son quotidien nous apprendra plusieurs choses sur son espèce : les miroirs reflètent bien leur image, et s’ils doivent consommer du sang, ils ne sont pas obligés de se cantonner à ce régime, et peuvent absorber d’autres aliments. Ils vivent et ne se déplacent que la nuit venue, craignant plus que tout la lumière du soleil (et les créatures féériques).
Le mix texte et image joue en faveur de la série, rendant l’ensemble fortement recommandable, et une sorte de digne successeur à des tentatives passées du genre, comme la série Le Carnet intime d’un vampire timide de Tim Collins.