XXe siècle, dans le sud des États-Unis. Un biologiste s’adosse à certains membres hauts placés du Ku Klux Klan pour effectuer à grande échelle des expériences sur la population noire, mettant au jour une pathologie latente. Au XIVe siècle, Nicolas Eymerich, l’inquisiteur d’Aragon, est mandaté par la papauté pour s’attaquer à une secte hérétique qui semble avoir pris corps dans la ville de Castres. Deux périodes éloignées de dix siècles, reliées par le sang.
Si j’avais déjà longuement entendu parler du personnage de Nicolas Eymerich, ce roman (qui est le troisième de la série consacrée à l’inquisiteur) est mon premier contact direct avec l’univers de Valerio Evangelisti. Un contact qui commence pour autant assez éloigné de l’Inquisition, étant donné que le premier chapitre démarre en pleine réunion du Ku Klux Klan, mettant en place la double chronologie qui sous-tend tout le livre, entre période moderne et médiévale. Et si le lien entre les deux apparaît d’emblée comme peu évident, il se met au jour au fur et à mesure des chapitres, la partie contemporaine mettant ainsi en évidence les répercussions de la partie consacrée à Eymerich.
Le roman est bien construit, mené comme une enquête qui plonge le lecteur dans une ambiance pas forcément éloigné du Nom de la rose d’Umberto Eco. Si le démarrage peut être un peu lent, l’histoire finit par happer le lecteur. Car le personnage d’Eymerich, aussi implacable soit-il, n’en reste pas moins passionnant, capable de manipuler et pousser sa charge jusque dans ses limites pour parvenir à ses fins. Tout en étant capable de pitié.
La part vampirique du roman passe en grande partie par la secte des masc, qui pratique, comme le présentent les autorités religieuses au début du roman, une forme de profanation du sang. Des pratiques qui tournent autour d’un personnage dont le sang vicié nécessite d’être purifié par l’absorption de sang pur, tandis que son propre sang lui est ôté. Une ambiance qui n’est pas sans rappeler, sous certains aspects, l’histoire de la comtesse Bathory.
Un roman à l’ambiance aussi noire que captivante, dont la partie contemporaine permet à l’auteur de revenir sur certains des conflits (extérieurs et intérieurs) marquants du XXe siècle. Une histoire qui flirte avec le thème du vampire (l’inquisiteur prenant ici la place du chasseur) sans jamais mentionner ce dernier, même si l’ingestion de sang est un des ressorts de l’histoire.