Le comte Dracula, qui s’ennuie dans son château des Carpates, vient chercher dans le Paris d’aujourd’hui le sang pur qui lui rendrait la force. Mais contre toute attente, c’est l’amour qu’il y trouve, en la personne de Lucie, une adolescente rencontrée presque par hasard dans une soirée mondaine. Paradoxalement sa nature vampirique s’en trouve renforcée, mais pas son âme, tourmentée à nouveau par de nombreux doutes…
L’objectif d’Armand Farrachi, dans les années 1997 et 98, était de s’approprier des romans patrimoniaux, et de jouer avec sa verve féconde pour en faire des récits différents. C’est donc le cas avec le roman de Bram Stoker, ou plutôt son personnage principal, qui devient une sorte de neurasthénique dépressif, et auquel son valet Cukol –un nom qui semble être de l’invention de l’auteur- propose de changer d’air. Et d’ère aussi, car on sent bien que le Comte n’a pas mis le nez dehors depuis des décennies voire plus, car il est un peu intrigué par certaines avancées techniques et technologiques, telles que… le téléphone.
Mais Farrachi ne s’embarrasse pas trop de ce genre de contingences, ce qui l’intéresse c’est les paradoxes de la condition particulière de son héros, et ses dialogues philosophiques et drolatiques entre Dracula et Cukol, qui est un érudit. Ce jeu de renversement des postures et des images, Farrachi l’intègre tout au long de son –court- roman (à peine 120 pages en très petit format). L’ensemble forme un court roman qui peut paraître bavard, dans le sens où l’essentiel est composé de tirades parfois très longues, comme celle de Cukol en toute fin de récit, laquelle tire un portrait plutôt noir de la société d’aujourd’hui.
Sur le plan vampirique, c’est assez classique. Les crocs de Dracula poussent quand il est sur le point de mordre une victime, il peut se transformer en loup ou en chauve-souris et s’habille comme dans le film de Murnau.
Lecture rapide, pas désagréable, mais pas inoubliable.