La fondation Harker organise un gala de bienfaisance, quelque temps après la mort de Jonathan, son fondateur. Ayant connaissance des nombreuses richesses que renferment les murs de la demeure Harker, James Finnigan profite de l’occasion pour investir les lieux et y dérober de quoi prendre une retraite dorée. Mais les choses manquent de mal tourner, et le voleur est contraint, sur les conseils d’un enfant, d’emprunter un passage secret qui s’ouvre dans la chambre du défunt propriétaire des lieux. C’est là qu’il tombe accidentellement sur un lingot d’argent, et un ancien journal intime.
Silver est une série comics un peu particulière, qui débarque enfin en France. En effet, si la publication originale s’est fait via l’éditeur US Dark Planet Comics, l’auteur n’en est pas moins français. Stephan Franck s’est néanmoins fait connaître outre-Atlantique, en travaillant dans l’animation, ayant contribué à des projets comme Le géant de fer ou Les Schtroumpfs 2. Silver est ainsi son premier projet BD, dont il signe à la fois le dessin et le scénario).
Dès les premières pages, le lecteur habitué du genre aura compris que l’auteur a choisi d’asseoir son intrigue sur une base connue (celle du Dracula de Bram Stoker), mais de déplacer l’intrigue quelques années plus tard. On ne suit donc pas Jonathan Harker et ses alliés contre Dracula, mais un voleur surdoué qui va se retrouver face à l’existence des vampires… et leur plus grand trésor. Années 30 obligent, le titre dégage une forte ambiance de films de gangsters, convoquant toute l’artillerie qui va avec (à commencer par les courses-poursuites). Si j’étais dans un premier temps un peu dubitatif sur ce que j’avais lu ça et là sur ce premier opus, je dois avouer que passé les premières pages, la formule fonctionne parfaitement. C’est bourré d’action, sans aucun temps mort, le tout articulé autour de personnages qui se révèlent progressivement attachants. Il y a certes quelques facilités (le duo formé par Finnigan et la petite-fille de Van Helsing, tueuse hors pair spécialiste des vampires, est assez attendu), mais elles finissent par s’effacer devant les rebondissements de l’intrigue et une galerie de personnages qui réserve de belles surprises.
C’est aussi par son aspect que la série se démarque. L’ensemble est doté d’un noir et blanc très réussi, qui rappelle autant le Courtney Crumrin de Ted Naifeh que le Cybersix de Carlos Trillo et Eduardo Risso. Les encrages sont très réussis, l’ensemble parfaitement dynamique (certains personnages et leurs déplacements rappellent également le style de Mike Mignola). Les cadrages sont particulièrement bien pensés, et jouent pour beaucoup sur l’énergie qui transparaît à chaque planche.
En ce qui concerne les vampires, l’histoire s’articule sur une version quelque peu remaniée de celle du Dracula de Stoker. Finnigan tombe ainsi sur le journal de Harker, qui lui révèle l’existence des vampires et de leur trésor. Ce faisant, et après avoir fait connaissance avec la petite-fille de Van Helsing, le héros découvrira que Dracula n’est qu’une des identités d’un personnage beaucoup plus ancien. Pour ce qui est de la mythologie à proprement parler, les vampires sont ici sensibles à la morsure du soleil (dont ils ne guérissent pas totalement), à l’argent (le contact prolongé est en mesure de les tuer), ainsi qu’à la décapitation ou à une arme enfoncée en plein cœur. Ils dégagent une odeur de mort, qui leur permet de reconnaître leurs semblables. L’ensemble des vampires semble fonctionner en communauté, à la tête de laquelle se trouve un conseil, dont fait partie Dracula.
Un premier recueil inattendu et chaudement recommandé aux amateurs du genre. C’est référencé, tout en tirant son épingle du jeu en terme d’ambiance. Vivement le prochain tome !