L’ère Taishō apporte au Japon une période de paix pour la population. Pourtant, dans l’ombre, les militaires pensent que tout peut basculer d’un moment à l’autre, et entendent bien ne pas laisser le pays se faire distancer par les puissances occidentales. À l’image de certains services secrets, dont ceux du Royaume-Uni, le lieutenant-général Nakajima a au l’idée de constituer le Code Zéro, une unité dont la spécificité est d’être en partie composée de vampires. Les buveurs de sang représentent nativement une menace, mais ceux qui parviennent à garder leur humanité sont des alliés de choix, et des armes de premier ordre. Deux vampires viennent tout juste d’intégrer l’unité. Il y a là Shûtarô Kurusu, jeune soldat mordu par un rang A, l’un des plus puissants niveaux de vampires connus. Avec lui vient le Major Yamagami, devenu quant à lui un vampire de bas étage. Tous deux vont endosser le rôle d’exécutants au service de leur unité, alors qu’ils peinent encore à composer avec leur nouvelle existence. Difficile, tout autant, pour leur proche d’accepter leur décès, aucun corps ni aucun renseignement n’ayant filtré sur leur mort.
Avant d’être un manga (et une série d’animation produite par Signal.MD), Mars Red est un projet théâtral imaginé par Bun-O Fujisawa, qui est avant tout dramaturge. C’est lui qui signe l’adaptation, sachant qu’il travaille depuis plusieurs années déjà avec le studio sus-cité, tout particulièrement autour du projet Theatrical-Live, qui mêle animation et théâtre. L’une des spécificités du manga est de s’ancrer dans un contexte historique, celui de l’année 1923. On y suit avant tout un groupe de quatre vampires, lesquels font partie d’une unité créée par l’armée. Le manga s’intéresse à la difficulté pour eux de se couler dans leur nouvelle condition, notamment en raison de leurs instincts émergents. Et il y a aussi la question des êtres chers, qui eux continuent de vivre. C’est d’ailleurs le point de vue de l’une d’entre eux, Aoi Shirase, qui sert de contrepoint à l’histoire des vampires.
Le dessin de Kemuri Karakara ajoute un intérêt supplémentaire à ce premier tome. La mangaka, déjà connue pour des séries (non traduites) comme Donten ni Warau et Reverseal, donne vie avec finesse et dynamisme à ce Japon des années 1920 revisité à la sauce surnaturelle. Le trait est fin et précis, très réaliste, les cadrages très réussis. De quoi mettre en valeur les lieux dans lesquels évoluent les personnages, à commencer par le théâtre. Les scènes de combats restent très lisibles et ne manquent pas d’un sens indéniable du mouvement.
La mythologie vampirique rappelle celle de Vampire Knight, avec cette idée de rangs vampiriques, et de la difficulté pour les vampires de surmonter les besoins engendrés par leur condition. Pour le reste, les créatures semblent en grande partie touchées par les limitations classiques, notamment celle de la lumière du soleil, et un instinct qui les pousse à ingérer du sang pour assurer leur survie.
Un premier tome alléchant, qui pose un cadre prometteur. Certes, on peut avoir l’impression que certains aspects lorgnent vers des séries déjà existantes (voir plus haut), mais le scénariste parvient à s’approprier à sa manière ces éléments.