Alors qu’il officie pour la première fois en tant que prêtre après avoir achevé son séminaire, Romuald croise le regard de la troublante Clarimonde. En quelques regards et mots échangés à l’insu de l’évêque qui seconde Romuald, elle fait comprendre à celui-ci qu’elle souffre le martyr de le savoir engagé auprès de Dieu. Quelques jours plus tard, sans avoir revu la belle, Romuald est affecté en tant que prêtre dans le village de C***. Pendant les années qui suivent, Romuald est hanté par le souvenir de Clarimonde, jusqu’à ce qu’un valet vienne un soir à sa cure pour le conduire auprès de sa maîtresse, qui n’est autre que Clarimonde, au seuil du trépas. Va alors commencer la longue descente aux enfers de Romuald…
Certainement l’une des nouvelles fantastiques les plus connues écrite par Théophile Gautier, La Morte Amoureuse emprunte un schéma narratif assez proche de celui du Moine de M.G. Lewis, l’un des romans fondateur du gothique littéraire. Le héros, un jeune prêtre naïf tout frais débarqué du séminaire, voit son âme pervertie par une femme. L’une des grosses différences est la teneur vampirique du personnage de Clarimonde, l’autre étant le mode de narration autobiographique choisi par l’auteur.
Du vampire Carmilla possède, selon les différents détails que Gauthier distille dans son récit, la froideur et la blancheur de la peau et le goût insatiable du sang. De part son statut de courtisane, elle se rapproche pour beaucoup de la Carmilla de Le Fanu. Son goût pour toutes les formes de débauche, et tout particulièrement la luxure, fait d’elle un véritable succube. Caractéristique également des vampires dépeint dans la littérature du 19e siècle, la mise à mort de la belle, dont le corps est réduit en cendres après la bénédiction de l’abbé Sérapion. Il est a noter cependant que Clarimonde ne suce pas le sans des vivants à l’aide de canines, mais utilise une aiguille pour faire jaillir le sang des veines de ses victimes.
Ce livre nous rappelle donc que la thématique des canines aiguisées n’a vraiment acquis l’importance qu’on lui connaît que via le cinéma. Au final, il s’agit, au même titre que Carmilla ou Dracula, d’un des ouvrages fondateurs du mythe dans la littérature occidentale, un ouvrage au style certes daté mais incontournable pour les amateurs de littérature fantastique.