Laszlo Vogelsang, est un vampire mélomane aux habitudes de Dandy qui vit à Bruxelles. Nostalgique, tout particulièrement des années passées aux côtés de sa mère vampire Théa, il est responsable du refuge local de la Horde, dont les autres habitants aux dents longues sont Rodica et Cyrille, qui est entrée en dormition depuis deux dodécades. A travers les pages de ce roman, le lecteur apprendra peu à peu à connaître le Dr Vogelsang, ses tourments et son histoire, qui se dévoile peu à peu.
Derrière la sobriété apparente de sa maquette, voilà un roman surprenant qui s’avère d’une lecture plus qu’agréable. Loin de la surdose d’action chère à la Bit-lit, et ses romances parfois outrancières, le roman de Christopher Gérard possède un rythme lent qui n’enlève rien à l’intérêt de l’intrigue. Le récit est ainsi centré autour de ce personnage de vampire qui vit dans l’ombre de son passé, et semble avoir réduit son existence à une successions d’habitudes dont seule la musique parvient à le sortir. Jusqu’au jour où…
Reposant, le livre possède un charme certain, et prend parfois l’allure d’un conte philosophique où les vampires apparaissent vite comme des points fixes dans un univers en perpétuelle évolution. Un univers qui finit par les rattraper, et réduit de dodécades en dodécades leurs rangs. L’ensemble n’est pas pour autant désespéré, l’auteur glissant de nombreux clins d’œils qui, associés à de petites touches d’humour noir à la belge contribuent à l’originalité de l’ensemble. Notamment la passion de Rodica pour les films de vampires, de Morse à Thirst en passant par Les Prédateurs.
Si les vampires de Christopher Gérard possèdent de nombreuses caractéristique classiques, il ne se gaussent pas moins de certains attributs que leur prête la culture populaire. Si ils vivent surtout la nuit, ils peuvent cependant se mouvoir sous le soleil (ce qui peut cependant leur causer des tumeurs). Ils doivent bien évidemment s’abreuver régulièrement de sang, même si les habitudes de leurs proies ont tendance à amenuiser la qualité du sang ingéré. Ils vivent en petits groupes, l’objectif étant que les territoires de chaque groupe soit délimité, et que chacun puisse veiller sur ses pairs, pour assurer une certaine pérennité à la race (qui ne semble plus en mesure de se reproduire).
Un roman qui met en scène un mythe du vampire bien plus agréable à découvrir que moults condensés d’action qui font fureur actuellement. Savoureux !
« Ce conte entre cannibalisme et dandysme ne transpose pas seulement le mythe du vampire dans les rues de Bruxelles, il le recrée par l’imagination rocambolesque du romancier comme par son regard sur le monde actuel : la fin d’une époque, la nostalgie d’une culture qui s’enfonce dans l’oubli comme fondent les glaces de l’Arctique, le goût des mythes dans lesquels les hommes se sont projetés de la forêt celtique aux rives du Gange. Cela se lit, me semble-t-il, comme en filigrane de ce récit pas triste pour autant, marbré d’ironie, tramé d’inventions narquoises et de sourires en coin. Et pourtant, si la mélancolie du vampire était aussi celle de Christopher Gérard ? »
Baron Jacques FRANCK, La Libre Belgique, 7 mai MMXII
« Conte de l’intime sang pour sang inspiré, une écriture belle et exigeante, raffinement et élégance, une qualité de style incomparable qui fait de l’auteur un écrivain à part entière, contre-courant plaisant – phrases antiques pour une modernité désenchantée -, empreint d’ironie, le tout saupoudré de références, de non dits presque dits et de jolies allusions, la sauce gérardaise prend, menant à la réflexion; l’on se met à aimer Laszlo, sa mélancolie semblable aux variations Goldberg, sa sensibilité et sa sourde inquiétude, son malaise grandissant et sa détresse lancinante. »
Thierry-Marie Delaunois sur
http://www.thierry-mariedelaunois.com/pages/accueil/lectu…