Golden, Christopher – Lebbon, Tim – Bergting, Peter. Mortal Terror. Volume 1

La totalité de la population londonienne est constituée de vampires, qui évoluent dans les profondeurs de la ville. Jonathan Harker, Lucy Westenra, Quincey Morris, Lady Godalming et Jack Seward sont tous employés par le gouvernement, chargés de veiller à la sécurité des vampires. Car si leurs pairs voient en l’humanité une sorte de mythe, eux ont bien conscience de l’existence des vivants, dont la morsure est capable de leur retirer leur immortalité. Tandis que Harker manque d’être tué durant un attentat et que Quincey est grièvement blessé lors d’une embuscade, le petit groupe tente de convaincre leurs supérieurs de prendre des décisions radicales pour protéger les buveurs de sang.

Mortal Terror est un comics scénarisé par Christopher Golden (qu’on connaît déjà pour sa série des Peter Octavian, ses romans dans l’univers de Buffy et le comics Lord Baltimore), en duo avec Tim Lebbon (qui a notamment travaillé sur Hellboy et 30 jours de nuits). Deux briscards du genre, qui réinventent l’histoire de Dracula (le livre) en inversant les rôles. Ici, les protagonistes habituellement humains sont des vampires, lesquels constituent la norme dans ce Londres fictif de la fin du XIXe siècle. Face à eux, des humains, dont la morsure rend mortel. Et à la tête de ces vivants, l’ombre de Dracula commence à pointer au fil des pages. Ce n’est certes pas la première variation sur le roman : on pense notamment à Anno Dracula de Kim Newman. Reste que cette inversion des rôles et des rapports de forces montre qu’il y a encore des façons de jouer avec un matériau aussi usé que celui du livre de Stoker.

Le dessin de Peter Bergting s’approprie au mieux l’univers imaginé par Christopher Golden et Tim Lebon. Rien de surprenant à cela, quand on sait que l’illustrateur a travaillé sur Lord Baltimore, aux côtés de Golden et de Mike Mignola, avec des ambiances relativement proche. La tonalité des planches est assez sombre, la majorité du récit se déroulant de nuit ou dans les profondeurs de Londres. Pour autant, l’illustrateur parvient à y instaurer une clarté froide, parfaitement en phase avec l’idée d’une ville souterraine.

Les vampires sont ici les plus nombreux, à la manière d’un Je suis une légende. Ils vivent dans les sous-sols de Londres, et voient en l’existence des humains un mythe, ayant tout oublié de l’avant. Ce défaut de mémoire semble être dû à un effet de bord de leur état de vampire, comme l’explique l’une des humaines à Jack Seward. Pour ce qui est de leurs vulnérabilités, les vampires peuvent être tués par la lumière du soleil et les armes en argent leur sont létales. Face à eux, la morsure des vivants est aussi une forme mortelle : elles les transforment (à nouveau ?) en humains. De façon à adapter leur environnement à leurs faiblesses, les vampires se sont constitué un vrai Londres souterrain dont ils ne sont que très peu à sortir. Pour cela, ils doivent se vêtir de tenues leur permettant de supporter les rayons de l’astre solaire.

Dans le même temps, les auteurs jouent avec le roman de Stoker. On y retrouve une bonne partie des personnages : le couple Harker (et le lien entre Mina et Dracula), mais aussi Lucy Westenra, le Jack Seward, Quincey Morris, Lord Godalming, Renfield et bien sûr Dracula. Les relations entre les différents protagonistes ont été modifiées, mais il reste l’idée du petit groupe de chasseur. D’autres personnages viennent s’ajouter, comme le roi Rollo, à la tête de la nation vampire, et à ce titre antagoniste de Dracula, devenu le bras armé de l’humanité.

Une variation originale autour du roman de Stoker, qui lorgne du côté de Je suis une légende et de Daybreakers. Un premier opus qui s’avère efficace, inventif, et arc-bouté sur Dracula sans pour autant se limiter à ce dernier.

Golden, Christopher - Lebbon, Tim - Bergting, Peter. Mortal Terror. Volume 1

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