Indiana, 1818. La nuit tombe sur la forêt dense qui entoure une maison d’une seule pièce, où un jeune Abraham Lincoln de 9 ans est agenouillé près du lit de sa mère souffrante. Elle est atteinte d’un mal que les anciens nomment « Maladie du lait ». « Mon tout petit » murmure t’elle avant de mourir. Ce n’est que bien plus tard qu’Abe apprend que le mal qui a emporté sa mère dans la tombe est l’œuvre d’un vampire. Le jour ou il apprend la vérité, il écrit dans son journal : « Désormais ma vie sera guidée par d’études l’étude et la foi. Je vais devenir maître de mon esprit et de mon corps. Et cette maîtrise n’aura qu’un seul but … ». Doté de sa taille légendaire, de sa force et de son habileté au maniement de la hache, Abe s’engage sur la voie de la vengeance, qui le conduira jusqu’à la Maison Blanche… Abraham est aujourd’hui connu pour avoir sauvé l’Union et libérés des milliers d’esclaves, mais son vaillant combat contre les forces du mal est resté dans l’ombre pendant des centaines d’années… C’était sans compter sur Seth Grahame-Smith, dans les mains duquel est récemment tombé le journal secret d’Abraham Lincoln…
Seth Graham-Smith a commis ces dernières années le désormais cultissime Pride and Prejudice and Zombies, qui revisitait à la sauce zombie le célèbre roman de Jane Austen. J’avais donc déjà entendu parler de l’auteur, mais n’avait jamais eu l’occasion de me frotter à sa plume, dont on m’avait dit le plus grand bien. Et voilà que sort ce biopic pour le moins original, qui propose de raconter la vie du président Abraham Lincoln sous l’angle vampirique.
Ainsi Lincoln a vu sa mère mourir des sévices infligés par un vampire et a t’il décidé de prendre sa hache pour la mettre au service d’une chasse implacable contre les buveurs de sang. Dit comme ça, ça peut certes paraître incongru mais le travail de Grahame-Smith est d’une qualité certaine. L’auteur maîtrise au détail près son sujet, torturant à loisir les moments-clés comme les moments les plus incongrus de la vie de Lincoln pour faire le lien avec son activité de pourfendeur de vampire. Histoire et histoire se mêlent donc avec une certaine maestria, le fil conducteur étant le journal du héros, sur lequel l’auteur a fait main-basse par l’entremise d’un des alliés immortels de Lincoln.
Le roman est donc rigoureusement structuré, l’auteur n’hésitant pas à étayer son propos à l’aide de croquis d’époque détournés ou trafiqués, qui ajoutent pour beaucoup à l’ambiance du roman. On découvre donc la présence de garde-chiourme mystérieux sur les photos du couple présidentiel, la présence de la fameuse hache aux moments cruciaux où Lincoln mettait sa vie en jeu, etc. Une idée intéressante et bien exploitée, qui ne joue pour autant pas dans la surenchère et reste efficace d’un bout à l’autre du récit.
Les vampires mis en scène par Seth Grahame-Smith dans ce récit diffèrent quelque peu des caractéristiques classiques du genre. Car si Abraham entame sa carrière de chasseur armé de pieux, d’ail et autres repousses-vampires classiques, c’est pour rapidement se rendre compte que seule une bonne décapitation à la hache ou un pieu enfoncé en plein coeur est susceptible de vaincre un vampire. Pour le reste, si la plupart des créatures de la nuit ne semblent pas pouvoir se déplacer en journée, les plus anciens d’entre eux parviennent à supporter la lumière du soleil, même si cela les affaiblit quelque peu. Ils ont bien évidemment besoin de sang pour survivre, et doivent s’abreuver régulièrement pour conserver leurs pouvoirs, qui vont d’une vitesse décuplée, à une grande résistance, en passant par l’hypnose. A noter également la place prise par les vampires dans la guerre de sécession, notamment leur relation par rapport à la question de l’esclavage, qui donne un éclairage fantastique et original sur l’opposition Nord/Sud.
Abraham Lincoln Vampire Hunter est donc un biopic pour le moins jouissif, une relecture fantastique de la vie d’un des présidents les plus marquants qu’aient connus les Etats-Unis sur fond de journal intime. Un roman qui permet de savourer le vampire tel qu’on l’avait un peu perdu ces dernières années : une créature avide de sang qui ne lutte que pour sa seule survie.
Abraham Lincoln est une personnalité qu’on ne présente plus. A l’évocation de son nom, chacun a en mémoire une photo de l’homme digne, très grand, à la barbe inoubliable. Pourtant, on le connait assez peu, d’après Seth Grahame-Smith.
L’auteur de Abraham Lincoln, Chasseur de Vampires devient un incontournable. Il a déjà commis une adaptation à la sauce zombie de « Orgueils et Préjugés », sur laquelle il travaille désormais pour le cinéma. La force de Seth, c’est une crédibilité dans les mots qui nous fait douter de la réalité à laquelle on est pourtant si habitué !!
Abraham est le père de la nation américaine. On le voit comme un président fort et droit. Pourtant, qui sait vraiment comment il a passé son enfance, les épreuves qui l’ont marqué, les femmes qu’il a aimées. Grahame-Smith nous en parle.
La couverture déjà est très significative. Sépia, elle ressemble de prime abord à une photo classique du président, puis on aperçoit une hache, enfin, une trainée de sang. On se dit que la guerre de sécession a été sanglante, mais la quatrième de couverture est plus éloquente qu’un résumé. Comme le laissait penser le mot « Vampires » du titre, c’est bien une tête violente aux crocs acérés que cache Lincoln dans son dos.
Et c’est cette vie parallèle, cette autre manière de sauver la nation que l’on va découvrir. Depuis le balbutiement vengeur d’un enfant jusqu’à l’homme aguerri qui sauvera la patrie. L’Histoire déroule ses évènements qui pour la plupart nous sont familiers, de l’édification à la chute des Etats-Unis, mais Seth Grahame-Smith en propose une relecture consciencieuse, à la lumières de ténèbres particuliers. Les vampires sont à l’origine de beaucoup des retournements de situations, de nombreux drames. L’esclavage, déjà révoltant pour nos consciences du XXIème siècle, devient un théâtre de honte et d’infamie comme nous n’aurions pu imaginer. Son abolition revêt un caractère encore plus significatif après la lecture !
Les vampires sont partout. Dans la vie de l’enfant qu’a été Abe (comme on l’appelle familièrement dans le livre) puis dans les vies de chacun des hommes qu’il croisera. Des vampires particuliers, depuis les jeunes qui ne peuvent supporter le soleil jusqu’aux plus anciens, reconnaissables par leurs ombrelles et leurs lunettes de soleil. Des vampires qui évoluent donc, pour s’acclimater à la non-vie de chaque instant. Deux sortes de vampires semblent surgir de ce récit. Certains sont positivement sanguinaires et vicieux, poussant la perversion jusqu’à se prétendre gourmet et torturer des enfants.
D’autres plus raisonnables, conscients du besoin de sang mais doués de raison. Henri est un personnage qui nous interpelle dans ce sens, d’ailleurs.
Dotés d’une force surhumaine, ils sont néanmoins souvent surpris par la force qu’Abe a acquise, résultat d’entraînement intensif et de rage éclairée. D’une torture de chaque instant entre raison et conscience aussi !
Pourtant, une fois débarrassés de leurs attributs vampiriques, ces vampires prouvent qu’ils ne sont pas pires que les humains qui les soutiennent. Le profit, déjà à l’époque, a vicié la société !
Humains et vampires sont deux espèces différentes qui évoluent de la même manière. Certains choisissent le bien, d’autres le mal.
Seth Grahame-Smith confirme sa percée dans le milieu du roman d’horreur en toute subtilité. Son style biographique, voguant d’extraits du journal secret de Lincoln en reconstitution, nous tient en haleine, de début à la fin. Le ton tantôt scientifique et docte d’un biographe, tantôt plein d’émotions d’un romancier est prompt à retenir l’attention de chaque lecteur. Sa façon de se mettre en scène dans son propre livre, en expliquant comment lui est parvenu ce journal secret et pourquoi il entreprend la rédaction de cette biographie, est déjà une manière efficace d’épingler le lecteur.
Grahame-Smith prouve ici qu’il est possible de manipuler l’Histoire et de lui faire dire ce que l’on veut. Sa force suprême est de réussir à nous y faire croire. Seth Grahame-Smith est un auteur que je suivrai désormais. Un classique en devenir !
"jouissif" carrément 😀 Du même genre, j’ai "Victoria, reine tueuse de démons" que Laure (De l’autre côté du miroir m’a prêté). Concernant ce bouquin, pour une fois (!) la couverture française me semble plus sympathique que la VO 🙂
Ah oui, j’assume, j’ai été complètement scotché par ce roman, qui entremêle avec brio Histoire et histoire. C’est franchement bien vu, les personnages sont intéressants, le style est bien sympa, bref c’est du tout bon (je parle pour la VO, mais MilieWB a l’air de confirmer que la VF est du même niveau).
Ben il me le faut !!!!!!!!!!!!! J’avais déjà envie de le lire (comme tu le sais) mais là, je vais voir pour me le procurer le mois prochain !!! ;))
Moi je n’ai pas aimé l’écriture et le genre de la biographie. De manière générale, je trouve que les personnages manquent de psychologie, l’histoire est plutôt évidente, répétitive, certains moments de la vie du personnage passent très vite. De manière générale, l’auteur essaye trop de donner un aspect véridique à ce qu’il présente et l’histoire perd de son interêt.