Danse Macabre, 14e tome de la série des Anita Blake, commence sur les chapeaux de roues : la jeune femme serait enceinte ! Une entrée en matière pour le moins sensationnelle qui ne manque pas de poser nombre de questions, notamment sur l’identité du père. Il faut admettre que les potentiels prétendants se bousculent, mais Nathaniel et Richard figurent en bonne place sur la liste pour revendiquer la paternité. Cette situation imprévue soulève un autre point intéressant. Samuel, un maître vampire, et sa femme Théa ont eu trois fils. Anita en vient à se demander si son enfant ne serait pas le fruit de l’union avec l’un de ses amants non-morts, comme Jean-Claude ou Asher.
Parallèlement à ce coup de théâtre susceptible de bouleverser bien des choses dans la vie d’Anita et de ses compagnons, la jeune femme doit choisir une nouvelle Pomme de sang. Les hommes de son harem ne suffisant plus à la satisfaire, elle doit étudier – à contre cœur – les différents candidats au poste que viennent lui présenter plusieurs Maîtres de la ville. Autant être franc : une fois encore, ce prétexte égare la série dans un méandre de détails métaphysiques concernant l’Ardeur, les besoins qu’elle engendre et la domination que son influence exerce sur tous ceux qui ont l’infortune d’y goûter. Car dès lors qu’un vampire appartenant à la lignée de Belle Morte côtoie l’Ardeur d’Anita et de Jean-Claude, il se retrouve par la suite dans un état d’absolue dépendance, le réduisant à l’état d’esclave comme accro à une drogue.
Si les relations entre les divers protagonistes, avec les faveurs d’Anita comme enjeu principal, sont admirablement ficelées, j’avoue avoir ressenti une pointe de lassitude en lisant Danse Macabre. Les descriptions des intervenants sont réussies, les dialogues sont comme toujours savoureux et vivants, et l’écriture de Laurell K. Hamilton se caractérise toujours par cette sensualité qui transpire dans toutes son œuvre. Cependant, la formule bien rôdée de l’auteure s’essouffle. En tout cas, elle parvient ici difficilement à sauver cette 14e aventure de l’ennui. Les situations où l’héroïne se voit contrainte de nourrir l’Ardeur sont répétitives. De plus, la sensation de danger et le suspens qui firent les beaux jours de la série à ses débuts se voient réduit à leur plus simple expression. Dommage… Les interventions des vampires Belle Morte et de la dangereuse Marmée Noire restent néanmoins à saluer, bien que peu exploitées.
Par son manque d’audace et de surprises, Danse Macabre frustre le lecteur. Pourtant, même si elle manque de fraîcheur, l’œuvre n’en reste pas moins un bon roman qui satisfera les fans purs et durs de la réanimatrice de Saint-Louis car des personnages intéressants font leur apparition. On découvre Augustin, un Maître de la ville ancien amant de Jean-Claude, le vampire Samuel et sa femme sirène Théa qui veut déverrouiller les pouvoirs de ses fils grâce à Anita, ou encore leur garçon aîné Sampson promis à revenir dans un prochain tome. À signaler qu’aucune enquête policière n’est présente cette fois-ci, un manque qui renvoie aux abonnés absents une partie des personnages humains récurrents de l’univers d’Anita.
Du sexe et des scènes parfois marquantes, un accent mis sur les relations compliquées entre l’héroïne et les hommes de sa vie, les conséquences de l’Ardeur qui n’en finit plus d’embarrasser la vie d’Anita… Danse Macabre est un roman bit-lit sensuel et sophistiqué, qui ne manque pas d’intérêt grâce à la richesse de son casting, mais qui déçoit par la platitude de son intrigue et son absence de surprises. L’excellence à laquelle nous avaient habitués les premiers tomes de la série s’éloigne.